L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

Zone grise
de C. et L. Mary
L'Olivier 2014 /  19,50 €- 127.73  ffr. / 333 pages
ISBN : 978-2-8236-0373-6
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Ressources Humaines

La quatrième de couverture, sibylline en diable, ne parvient pas à éclairer vraiment le sujet, le lieu, les personnages, malgré des efforts de déduction remarquables à partir de quelques mots pêchés ça et là.

L’idée de dépeindre ce roman comme un «policier psychique échappant au pur réalisme», dans une approche très commerciale, fait naître la curiosité ainsi que le sourire. Nous plongeons donc dans un univers froid, glauque, totalement incompréhensible, à la suite du narrateur, un homme sans mémoire, décalé, en proie à des bribes de souvenirs qui le dérangent et le paralysent.

Avec cinq autres personnages, il est censé apprendre des recettes pour trouver un emploi, sous la houlette d’une Eve jargonnante qui les oblige à réfléchir sur leurs erreurs, à chercher des solutions (à l’aide de jeux de rôle parfois dangereux) aux problèmes compliqués qu’elle impose. On se demande très vite si l'on est dans un roman de George Orwell ou dans Vol au-dessus d’un nid de coucou. La démence rôde et prend le dessus sur le prétexte d’un Pôle emploi d’entreprise.

On comprend alors l’absence de ''pur réalisme'' vantée par la quatrième de couverture et, comme il n’y a rien à comprendre, on s’intéresse au style, particulier. Ce sont deux sœurs qui écrivent ; il semblerait qu’il y ait deux styles, tous deux torturés, précis, redondants. L’un se lit mieux que l’autre, il est plus concis, plus compréhensible, développant des explications pertinentes ; l’autre jongle avec cette folie et démantèle des phrases haletantes et incisives, au demeurant non exemptes d’une certaine profondeur philosophique.

L’ensemble est gris, peut-être, mais surtout noir. Aucun espoir, aucun bonheur, aucun bon souvenir, aucune bonne décision, aucune joie, aucun courage. C’est un livre effectivement irréel, une recherche aveugle d’originalité, une plongée dans l’enfermement et la déraison qui peut aller jusqu’au crime sans qu'on ne s’en rendre compte.

On regrette alors que les auteures, dotées de talents d’écriture, n’aient pas su tirer parti de cette idée en la mettant davantage en valeur.

Dany Venayre
( Mis en ligne le 05/03/2014 )
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