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Littératureet Romans & Nouvelles  

Je l'aimais
de Anna Gavalda
Le Dilettante 2002 /  15 €- 98.25  ffr. / 217 pages
ISBN : 2842630521

Confessions intimes

Chloé vient de se faire plaquer par son mari, Adrien, parti retrouver l’autre, celle pour qui la passion justifie qu’il abandonne femme et enfants en bas âge. Hagarde, la jeune femme s’enfuit chez son beau-père - le père du déserteur - qui la conduit avec ses deux fillettes dans sa maison de campagne. Diversion salutaire, échappée perverse sur une réalité qui n’est plus ? La raison de ce "retour aux sources" est plus trouble. Pierre apprécie Chloé plus qu’il ne se l’avoue lui-même. Sans doute parce qu’elle est la seule à voir en lui autre chose que le "vieux con" qu’il veut bien laisser paraître. Jusqu’à aujourd’hui.

Sortant de sa réserve, cet homme qui d’ordinaire "s’économise et réfrène ses élans" va prendre les choses en main, cherchant maladroitement à divertir cette famille en sursis. Mais la véritable surprise viendra plus tard autour d’une table de cuisine et d’une bouteille de chasse-spleen ouverte pour l’occasion… Alors que les enfants dorment, les adultes glissent doucement sur le terrain des confidences. Commence un dialogue inédit entre un homme à la soixantaine incertaine et sa belle-fille dont l’existence vient de basculer. L’un raconte ses erreurs, sa vie convenue, sans doute ratée, l’autre acquiesce et se rebelle. Jusqu’à cet aveu : celui d’un amour clandestin qui, à quarante-deux ans, vint fracasser l’existence de Pierre et qu’il laissa s’enfuir. Lâcheté? Honnêteté ? La question reste en suspens, laissant place à une seule réalité tangible - la douleur de deux femmes trompées - et à cette interrogation sur "le chagrin de ceux qui partent".

Anna Gavalda met beaucoup d’elle-même dans ses textes : sa façon de croquer les réactions enfantines, sa vision du couple qui se délite - comme le sien il y a peu -, la manière dont elle raconte la vie telle qu’elle va, donnant un sens aux détails, sublimant le quotidien en quelques mots précis. Après le succès de son recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part,Je l'aimais confirme une voix particulière, faite d'observation, de finesse et de gentillesse. Un premier roman, simple et mélancolique, qui sonne juste en dépit d'une intrigue un peu mince. A suivre.

Muriel du Brusle
( Mis en ligne le 14/03/2002 )
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