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Littératureet Romans & Nouvelles  

Maria avec et sans rien
de Joan Didion
Robert Laffont - Pavillons poche 2007 /  7.90 €- 51.75  ffr. / 231 pages
ISBN : 978-2-221-10967-0
FORMAT : 12,0cm x 18,0cm

Date de publication : 06/09/2007

Traduction de Jean Rosenthal.


Petite fille perdue

Dans l’excellente collection, «Pavillons Poche» (Robert Laffont), Joan Didion énumère en 84 séquences la vie de Maria ; un récit clinique sur la descente aux enfers d’une jeune femme, dont nous n’entendrons la voix désespérée et froide, qu’aux dernières lignes.

Maria, tragiquement seule, actrice de cinéma, égérie d’un réalisateur Carter, qui l’abandonne, sans que le lecteur puisse déterminer s’il s’agit d’une trahison ou de l’impuissance face au naufrage de Maria. Maria et Carter ont une fille, Kate, dont Maria ressent avec désespoir l’absence : placée dans une institution. Pourquoi ? Là aussi, le lecteur n’en saura rien : est-elle handicapée ? malade ? Faut-il l’éloigner d’une mère névrosée qui l’aime passionnément, trop, mal?

Autour : une petite société dans le monde artificiel de Beverley Hills : BZ, sa femme Hélène, Les Godwin, l’amant et son épouse Félicia. Maria se sent plus seule que jamais dans cet univers où nul ne la comprend alors qu’elle transporte ses douleurs avec elle, douleurs de la disparition de sa mère, de l’absence de sa fille, de Carter, des amants qu’elle a eus, des deux films où elle a joué. La vie est une énigme, qu’elle ne tente pas de résoudre, se perdant avec minutie dans de longs trajets en voiture sur les autoroutes, trajets ritualisés, au cours desquels elle se nourrit d’œufs durs cassés sur le volant et de bouteilles de coca bues dans des stations-service et qu’elle repose vides, avec soin, dans la poubelle, pour rester digne aux yeux des autres.

Rester droite, ne surtout pas donner l’impression qu’elle est à la dérive, donner le change, jouer sa vie… Franchir les écueils : avortement, divorce, et rester intacte malgré tout. Maria qui de page en page descend un peu plus profond dans la solitude : «Je sais quelque chose que Carter n’a jamais su, ni Hélène, ni peut-être vous. Je sais ce que «rien» veut dire et je continue à jouer» (p.233).

Un texte métallique, assez fascinant.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 21/09/2007 )
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