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Littératureet Romans & Nouvelles  

Être Hieronymus Bosch
de Anatoli Koroliov
Calmann-Lévy 2008 /  18 €- 117.9  ffr. / 336 pages
ISBN : 978-2-7021-3854-0
FORMAT : 14,0cm x 22,0cm

Traduction de Luba Jurgenson.

Roman chimère

Anatoli Koroliov s’interroge sur la mansuétude de l’esprit, comment un écrivain peut élaborer une œuvre, tout en occultant les souvenirs qui le hantent, avec «une obstination maniaque». En rédigeant Être Hierominus Bosch, l’auteur revient sur son passé. Nous sommes dans les années soixante-dix, dans une zone disciplinaire en Oural du Sud. A peine ses études de droit achevées, Anatoli Koroliov est appelé sous les drapeaux à Bichkil, une campagne grise et lointaine. Deux années dans un camp pour soldats détenus, une prison qui a des allures de cachots sordides d’un autre temps. Chaque jour, il est le témoin des conditions déplorables d’incarcération, les prisonniers sont parqués comme des animaux, à peine nourris, en proie à leurs geôliers tortionnaires. Il se rend compte, désabusé, devant élaborer des rapports inutiles et grotesques, que son rôle de juge d’instruction n’est qu’un simulacre. Il y passera deux années, deux années en enfer, dans le silence.

Seule la nuit est source de réconfort, malgré des conditions spartiates d’hébergement, son esprit s’évade, loin de la rumeur de Bichkil. Il part au Moyen-Age, au temps de Hierominus Bosch, peintre flamand à la vie mystérieuse. Fasciné depuis son enfance par ses tableaux, il devine un esprit torturé, celui qui cherche à exhiber par maints détails l’humanité dans toute son horreur. De cette vision apocalyptique, il tente de reconstituer une biographie, une sorte de «roman chimère». Mais devant les similitudes entre ce monde aux horribles contours et celui de sa prison, l’auteur ne peut séparer l’œuvre fictionnelle de l’autobiographie.

Avec ce livre noir, Anatoli Koroliov dresse un portrait sans concession de l’URSS, terre des ténèbres et du désespoir, mais sans avoir su rendre les sentiments d’angoisse, de désœuvrement et de dégoût. Par de multiples et inutiles figures de style, l’histoire s’empêtre dans un récit qui annihile tout ressenti. Prétentieux et hermétique, Etre Hierominus Bosch oublie son lecteur, devenu étranger à ce monologue abscons.

Catherine Martinez-Scherrer
( Mis en ligne le 07/03/2008 )
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