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Littératureet Romans & Nouvelles  

La Voix du feu
de Alan Moore
Calmann-Lévy - Interstices 2008 /  19.90 €- 130.35  ffr. / 329 pages
ISBN : 978-2-7021-3753-6
FORMAT : 15,0cm x 23,0cm

Mythes et légendes

Northampton est de ces lieux au charme mystérieux, terre de légendes et de sorcellerie. Ville natale de l’auteur, elle a su nourrir son esprit d’histoires, chaque arbre, chaque pierre devenant le gardien silencieux de ce territoire maléfique. Ce n’est pas une ville, c’est un temple aux rites obscurs. Nourri par ces atmosphères fantastiques, Alan Moore visite sa ville de sa plume, pour retrouver ces âmes qui ont fait de Northampton son mythe. De la préhistoire à nos jours, la ville se découvre sous le regard d’un nouveau narrateur, des bribes de vie faisant un tout, telles des empreintes indélébiles qui l’ont façonnée pierre par pierre.

Nous nous trouvons dans la forêt d’une Northampton qui n’existe pas encore, et pourtant la terre transpire de sa présence. Un simple d’esprit connaît le désoeuvrement de la trahison. Puis un chasseur esseulé découvre que son clan a disparu. Le vent glacial fouette le visage d’un enquêteur romain qui présage le déclin prochain de son Empire. Intuition, signes annonciateurs, les sorcières sont mises sur le bûcher et une nonne visionnaire s’identifie à un martyr. Northampton se construit lentement, une église ronde s’élève, mais les contes persistent, s’insinuent encore et toujours, car rien ne peut détruire l’âme d’une terre assoiffée de mystères.

Entre mythe et réalité, Alan Moore déploie ses personnages, tels des chantres de mauvais augure. Et pourtant la magie ne s’infiltre que par quelques fulgurances de style. On entre comme interdit devant la rudesse de plume. «Maintenant ouvre eux. Tout est devenir sombre. Une chose est en bouche de moi» : c’est par ce chaos langagier que le simple d’esprit raconte son histoire, un chaos qui désarçonne le plus aguerri des lecteurs et quand Alan Moore tombe dans le classicisme le plus ampoulé, on ne peut que rendre les armes. Au fil des pages, il y a cette sensation toujours plus dominante d’assister à un exercice de style laborieux, qui peine à prendre forme. Magie hermétique ou rendez-vous manqué, La Voix du feu garde au final tous ses mystères.

Catherine Martinez-Scherrer
( Mis en ligne le 11/04/2008 )
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