L'actualité du livre
Littératureet Poésie & théâtre  

Déplacements, dégagements
de Henri Michaux
Gallimard - L'Imaginaire 2013 /  7,50 €- 49.13  ffr. / 136 pages
ISBN : 978-2-07-014024-4
FORMAT : 13,2 cm × 19,0 cm

Embardée michaldienne

Henri Michaux était un auteur atypique. Né à Bruxelles en 1899, il fut un voyageur autant par les mers que par le verbe. Installé à Paris, il se lie avec le poète Jules Supervielle et joue un rôle de premier plan dans la littérature.

Henri Michaux publie des textes poétiques de toutes sortes, des carnets de voyage comme Ecuador (1929), Un barbare en Asie (1933), il invente des pays imaginaires (Ailleurs, 1948), n'hésite pas à expérimenter diverses drogues (mescaline, cannabis) qu'il relate dans des récits tels Misérable Miracle (1956), Connaissance par les gouffres (1961), des recueils d'aphorismes et de réflexions comme Passages (1950), Poteaux d'angle (1971). S'il était publié chez Gallimard, il sortait régulièrement des recueils chez de petits éditeurs aussi, agrémentés de ses dessins. Car il fut un dessinateur, un passionné de peinture et un styliste hors pair.

Sa grande passion fut évidemment les mots qu'il charrie, triture, malaxe, pour en extraire un langage rempli de poésie et de violence dans une syntaxe impeccable et une grande invention verbale, que l'on retrouve dans La Nuit remue (1935), Voyage en Grande Garabagne (1936), Lointain intérieur (1938), Plume (1938), L'Espace du dedans (1944), La Vie dans les plis (1949), Face à ce qui se dérobe (1976) et tant d'autres.

Déplacements, dégagements (1985) est une œuvre posthume comme En songeant à l'avenir (1994), J'excuserais une assemblée anonyme... (1994) ou À distance (1996). Le premier texte (''Une foule sortie de l’ombre'') parle d'une expérience cinématographique (il fut aussi un grand arpenteur des salles obscures) où le narrateur se méprend sur le film qu'il investit de son mal : une crise de migraine ophtalmique.

La suite s’intéresse ainsi à la musique, aux dessins d’enfants et leur vision, aux poèmes et autres hallucinations. Le but ici n’est pas superficiellement expérimental, pour écrire un peu n’importe quoi en laissant l'hallucination diriger l’écriture, mais, à l’inverse et dans un style impeccable, de s’interroger sur le langage dans son rapport à la subjectivité afin de mettre en perspective cette éternelle dialectique. A ce titre, Henri Michaux, non sans humour, a mis la barre très haute dans ce merveilleux voyage à travers la littérature.

Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 11/03/2013 )
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