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Littératureet Littérature Américaine  

La Symphonie du hasard - Livre 1
de Douglas Kennedy
Pocket 2017 /  7.90 €- 51.75  ffr. / 403 pages
ISBN : 978-2-266-28672-5
FORMAT : 11,7 cm × 18,5 cm

Première publication française en novembre 2017 (Belfond)

Chloé Royer (Traducteur)


Fuir la famille…

Ce roman de Douglas Kennedy aurait pu s’ouvrir sur la célèbre phrase d’Anna Karénine : «Toutes les familles heureuses le sont de la même manière, les familles malheureuses le sont chacune à leur façon». Premier tome d’une trilogie, La Symphonie du hasard a choisi une approche légèrement différente : «TOUTES LES FAMILLES SONT DES SOCIÉTÉS SECRÈTES. Des royaumes d’intrigues et de guerres intestines, gouvernés par leurs propres lois, leurs propres normes, leurs limites et leurs frontières, à l’extérieur desquelles toutes ces règles paraissent souvent insensées».

C’est donc à une grande saga familiale que Douglas Kennedy, romancier à succès, invite ses lecteurs (et lectrices ! ). La narratrice, Alice Burns, est éditrice à New York ; le roman débute alors qu’elle s’apprête à aller rendre visite à son frère Adam, incarcéré dans une prison fédérale pour un délit dont on ne saura rien à ce stade. S’ouvre un long flash-back sur la jeunesse d’Alice et d’Adam, leur famille dysfonctionnelle, les parents qui se mènent une guerre quotidienne et bruyante, les trois enfants, spectateurs impuissants, et tour à tour otages des querelles parentales. Alice, la plus jeune, est encore au lycée, et assiste impuissante au harcèlement cruel dont une de ses amies est victime.

Le récit de ce premier tome se déroule au cours des années 1973/1974, celles du Watergate, de la chute d’Allende et de la dictature de Pinochet au Chili, des campus universitaires dans les élans révolutionnaires. Alice a été acceptée dans une université de bon niveau mais qui n’appartient pas à la très élitiste Ivy League, elle y suit des études littéraires et découvre la liberté loin de sa famille. La description du campus est un thème courant dans les romans américains - on songe à Donna Tartt (Le Maître des Illusions), Geoffrey Eugenidès (Le Roman du mariage), Tom Wolfe (Moi, Charlotte Simmons). Un univers semi clos, qui se partage entre petites intrigues et soirées débridées, où les sportifs ont une place reconnue et enviée, où les confréries d’étudiants constituent des groupes fermés, tandis que les professeurs règnent avec plus ou moins de bonheur sur un public plus ou moins intéressé.

Ce premier tome est le roman d’un apprentissage, celui d’Alice qui découvre la vie hors des frontières familiales, les personnalités différentes de ses deux frères, les charmes et les limites de la vie de couple. Au terme de cet apprentissage et à la lecture des premières lignes du roman, elle a réalisé ses ambitions : quitter enfin la banlieue familiale, vivre et travailler à New York dans le monde de l’édition. Reste sa vie personnelle et ses liens avec sa famille, le lourd secret dont se décharge sur elle Adam dès les premières pages.

Douglas Kennedy a beaucoup de métier : on retrouve son univers, les classes moyennes américaines, l’ambition, la volonté de faire clan pour assurer la réussite. En arrière-plan, les années 1970 riches à tous égards de transformations.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 21/12/2018 )
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