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Littératureet Policier & suspense  

Bête à bon dieu
de James Sallis
Gallimard - La Noire 2005 /  21 €- 137.55  ffr. / 280 pages
ISBN : 2-07-076646-2
FORMAT : 14x20 cm

L’imagination n’est pas un état, elle est l’Existence humaine même

Lew Griffin se meurt, en même temps qu’une époque... C’est le message que James Sallis semble délivrer dans ce «livre crépusculaire et sans issue»... Pour son ultime enquête, le détective cajun tente de résoudre l’énigme de sa propre vie. Les souvenirs remontent à la surface dans cette chambre banale, dernier décor d’une existence bousculée, riche et sombre à la fois.

«Tous les gens que nous avons rencontrés, tous ces souvenirs et ces voix, réels ou imaginés, le murmure rauque de notre tristesse commune, le battement du regret et du chagrin dans notre sang, les appréhensions fortuites qui ont fait ce que nous sommes», dans le décor fané d’une Nouvelle Orléans statique, éreintée de meurtrissures passées et à venir, se donnent rendez-vous au chevet de Lew, le forçant à penser encore, à lutter toujours, à fouiner dans les poubelles pour y dénicher les tueurs de pigeons de son square préféré. Exploit fictif car les pigeons n’ont de réalité que dans les têtes tendres et les vies en fin de course ; la cruauté d’atteinte à toute forme de vie ne peut mobiliser la compassion pour ces colombidés indésirables, sauf pour un petit garçon, un vieux Noir sans domicile connu et un détective au seuil de la mort.

David, son fils schizophrène, Don, son meilleur ami, victime d’une fusillade, Alouette, menacée par des billets anonymes, et Deborah, que le théâtre phagocyte, tournent en une spirale effrayante dans l’esprit semi comateux d’un enquêteur à bout de forces, mais que taraude une curiosité professionnelle et profondément humaine. Lew va alors nous manquer, mais ne renaîtra-t-il pas de ses cendres en son fils, David, témoin plus contemporain des souffrances d’un troisième millénaire à la cruauté nouvelle ?

Monsieur James Sallis est un très grand de la littérature américaine. Ami et biographe de Chester Himes, traducteur de Queneau, poète, essayiste, auteur de nouvelles, il n’a pas trouvé en France la reconnaissance à sa mesure : parmi ses sept romans, dont La Bête à bon dieu, vous ne découvrirez que de l’excellence. Faites en cette rentrée littéraire foisonnante, bruyante et souvent creuse, l’impasse sur quelques romans convenus et plongez-vous dans l’univers saisissant de James Sallis. La petite coccinelle (cette bête à bon dieu) vous entraînera dans un monde réel, fait de sang et de sueur, de boue et de cendre, sur les eaux du Styx où l’on gagne l’éternité aux portes de l’enfer...

Raymonde Roman
( Mis en ligne le 02/09/2005 )
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