L'actualité du livre
Littératureet   

Tous les diamants du ciel
de Claro
Actes Sud - Domaine français 2012 /  20 €- 131  ffr. / 247 pages
ISBN : 978-2-330-01011-9
FORMAT : 11,7 cm × 21,7 cm

C.I.A., L.S.D. et Sex-shop

Pont-Saint-Esprit, village du Gard, un jour de 1951 : comme chaque jour, Antoine, le jeune apprenti, fait le pain quotidien dans la boulangerie où il travaille ; comme chaque jour, la population vient se ravitailler de cette denrée ordinaire ; la situation va déraper quand peu à peu une partie de cette population va devenir comme folle, victime d’hallucinations et de comportements parfaitement insensés (allant même jusqu’au suicide d’un habitant) ; on découvrira, quelques années après, que ce n’est pas la «maladie du pain maudit» qui est la cause de ce fait divers, mais bien un empoisonnement collectif au L.S.D., drogue découverte à cette époque aux Etats-Unis ; une enquête soupçonnera la participation de la C.I.A. à cette intoxication, sans réussir à la prouver.

De ce fait divers, qui a fait grand bruit dans la région du village incriminé, Claro donne le départ de son nouveau roman, Tous les diamants du ciel. Antoine, le jeune héros, va rencontrer Lucy, une «junkie» américaine, qui a échoué dans un sex-shop parisien, en 1969, et qui est utilisée par un agent de la CIA pour diverses expérimentations et manipulations. Tout au long du texte, on visitera l’univers psychédélique des années 70, les coulisses de la première fois où l’homme a marché sur la Lune, le rôle qu’a joué la C.I.A. dans tous ces événements.

On aura compris que le roman de Claro, auteur d’une quinzaine de fictions et traducteur de nombreux romans américains et anglais (Pynchon, Vollmann, Rushdie…) aborde, aux confins de la réalité et de la fiction, de nombreux thèmes contemporains. Dans un style particulièrement tourmenté, qui ne nous épargne aucune cruauté dans les situations rencontrées, il nous entraîne dans une espèce de folie vertigineuse, où il faut bien se tenir à la rambarde pour ne pas être emporté par les flots tumultueux de son écriture. Quand on résiste, au prix d’un effort de lecture non négligeable, c’est un univers particulièrement attachant qui s’ouvre aux yeux du lecteur.

«C’était toujours la même chose. La nuit tombait, les sorciers quittaient leurs repaires, et les veines, les veines immenses de la ville et les veines de moins en moins fluides des bras, les veines friandes d’espoir recevaient l’inspiration et l’exil sous forme de froides giclées, acceptant sans discuter tout ce que la mort avait à écouler» (p.61).

Michel Pierre
( Mis en ligne le 20/08/2012 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)