Art de vivre
Gastronomie & Vin de Donna Leon et Roberta Pianaro
Calmann-Lévy 2011 / 21.90 €- 143.45 ffr. / 22 pages
ISBN : 978-2-7021-4180-9
FORMAT : 14cm x 21,5cm
''Mangia, mangia, ti fa bene''
L’Italie : terre de culture et de gastronomie, de gastronomies plutôt, chaque région ayant sa tradition dans ce domaine, jalousement entretenue. C’est de cuisine vénitienne que nous parle ce joli livre, résultat d’une collaboration entre l’auteur américain Donna Leon - qui vit depuis 40 ans à Venise -, et son amie italienne Roberta Pianaro. A elles deux, elles nous entraînent dans un savoureux périple à travers la cuisine vénitienne.
Donna Leon en fait l’introduction et réfléchit à l’art de la table si important en Italie, et étonnant pour une Américaine : «Mangia, mangia, ti fa bene». Manger par plaisir, par souci de soi, davantage que pour se nourrir… Elle explique comment, de façon naturelle, elle introduisait des moments culinaires dans les enquêtes de Brunetti, son commissaire, chez qui la nourriture tient une place importante (mais très différente de celle du Pepe Carvalho de M. Vasquez Montalban par exemple) ; les repas sont souvent dans l’intrigue une parenthèse qui permet au commissaire de retrouver la paix de l’esprit (enfin… lorsqu’elle n’est pas troublée par les frasques ou les initiatives des enfants adolescents...). C’est un temps de transmission familiale, de mère en fille, d’amitié partagée, lorsque Brunetti mange dans une osteria à l’extérieur. Bref la cuisine est un art de vivre essentiel.
Roberta Pianaro, amie vénitienne de Donna Leon, donne ses recettes ; des recettes de vraie cuisinière. Certes, les ingrédients sont bien indiqués, le temps de cuisson, tous les conseils techniques, mais la description de la recette est celle d’un savoir faire qui tient à l’habitude ; il y a une part laissée à l’improvisation, au goût de la cuisinière. Seule exception, les desserts et Roberta remarque d’ailleurs : «Force est de reconnaître que les gâteaux sont une grande invention. Néanmoins, pour les réussir, il faut suivre les recettes à la lettre». Et l'on sent quelque regret dans ce conseil raisonnable. Les desserts ne sont ici que la partie la plus mince et sans grande inspiration, même si la pâte à tarte liquide donne un vrai moelleux à la tarte aux pommes, citrons, oranges et Grand-Marnier ; on recommande le savoureux gâteau à la ricotta (avec poudre d’amandes, raisins secs et orangettes).
Cependant l’essentiel - c'est la richesse du livre - vient des plats salés : cuisine de terre et de mer, risottos goûteux, lasagnes aux diverses garnitures, artichauts farcis au jambon, langue de veau en sauce aux légumes… Une cuisine de tradition qui souvent mijote, qui prend du temps : y réfléchir, l’élaborer, cuisiner des produits de saison et déguster lentement, savoir en parler aussi, la comparer…
Entre deux recettes : des extraits des enquêtes de Brunetti. En fin de volume, un index et des pages libres pour y inscrire ses notes. Le plan du livre est celui d’un repas à l’italienne : Antipasti, Primi piatti, Verdure, Pesci e frutti di mare, Carni et Dolci.
Un livre peut-être un peu trop beau pour séjourner à la cuisine, avec son beau papier mat de différentes couleurs et les jolies aquarelles de Tatjana Hauptmann. A offrir ou à s’offrir d'urgence si l’on aime Venise, la cuisine, l’Italie, les romans policiers… ensemble ou séparément !
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 01/04/2011 )
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