L'actualité du livre
Art de vivreet Gastronomie & Vin  

Mes recettes Haribo
de Christophe Felder
Minerva 2007 /  19.50 €- 127.73  ffr. / 96 pages
ISBN : 2-8307-0928-4

Tagada tsoin tsoin…

Naguère la cuisine appartenait aux «arts ménagers» et les jeunes femmes apprenaient dans Ginette Mathiot, Tante Marie ou Françoise Bernard les recettes élémentaires, qu’elles mettaient en scène lors des fêtes familiales, en s’aidant de quelques traités plus ambitieux (Larousse gastronomique et autres Michel Oliver et Pelleprat…). Puis vint le temps de la nouvelle cuisine au début des années 70, de la cuisine dite de marché, dans laquelle s’illustrèrent Bocuse, Guérard ou Lenôtre. Recettes et soucis différents : marquer son originalité, ne pas mettre en péril son régime, rester sobre et élégant…

Foin de tout ceci : désormais les trentenaires affichent avec une audace décomplexée leurs affinités électives en matière de cuisine, et les éditeurs les suivent dans cette réjouissante opération de défoulement collectif. La période est grisoune : que la cuisine, elle au moins, soit gaie et multicolore : tel est le mot d’ordre affiché ! Qu’on ne se prenne pas la tête non plus avec de minutieuses préparations. C’est dans ce courant que s’inscrit Christophe Felder, ancien chef pâtissier du Crillon, qui transgresse avec jubilation toutes les règles du bon goût ou, du moins, du goût élégant, en nous proposant ses recettes Haribo. Haribo, géant de la confiserie industrielle qui a remplacé les réglisses Florent, la tablette Zan, les bonbons La pie qui chante, les sucettes Pierrot gourmand des générations précédentes, et a absorbé bon nombre de confiseries traditionnelles. Haribo, roi du supermarché et du prêt-emballé, empereur des ours et des crocodiles gélifiés aux couleurs acidulées, seigneur des chamalows, prince des fraises tagada…

Sur ces bases, Christian Felder compose trente recettes, en quatre chapitres : Brunchs et goûters, Sucreries et friandises, Boissons, Gâteaux et desserts. Une rubrique spéciale, «Ma petite boutique», détaille les productions Haribo. Euh Bé a composé une maquette pleine de gaieté ; la photographe (Claire Curt) et la styliste(Elodie Piveteau) ont travaillé dans le même sens.

A dire vrai, les bonbons Haribo n’interviennent le plus souvent que comme figurants dans une recette classique (par exemple les cocobats pour les financiers) ; on peut aussi considérer que la fraise tagada se la joue un peu trop star, surtout lorsque l’on est d’avis qu’elle bénéficie actuellement d’une célébrité imméritée (mais il s’agit là d’un point de vue purement personnel !)… En revanche, comment ne pas craquer pour les brioches bostocks à la réglisse ou les mini crèmes brûlées café réglisse ? Les croque-madames framboise relaient avec humour les traditionnels croque-monsieurs, et le velouté de chocolat chaud à la menthe accompagné de chamalows est un délice.

Pour ceux qui ne veulent pas manger idiots, deux pages d’introduction résument «l’aventure Haribo» et plus personne n’ignorera désormais en plongeant sans retenue la main dans un sac d’ours, que leur nom officiel est «Ours d’or», et que le premier fut inventé en 1922 ! Signe de la mondialisation active : l’ours est le produit phare de la maison, et la rubrique «le saviez vous» le confirme : «si l’on alignait la production annuelle d’Ours d’or fabriquée par Haribo, on arriverait à faire plus de 3 fois le tour de la terre» (p.62).

Un livre à mettre entre toutes les mains, pour égayer tous goûters enfantins (à quel âge s’arrête l’enfance ?) ; à consommer sans modération. Et pour ceux qui veulent approfondir leurs connaissances, une visite au musée d’Uzès s’impose !

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 14/02/2007 )
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