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Pocheset Littérature  

Les Heures souterraines
de Delphine de Vigan
Le Livre de Poche 2011 /  6,50 €- 42.58  ffr. / 248 pages
ISBN : 978-2-253-13421-3
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en août 2009 (JC Lattès)

Ultra-moderne Solitude

Après le grand succès de No et moi, Delphine de Vigan revenait en 2009 avec Les Heures souterraines (aujourd'hui en format poche).

Deux personnages déroulent au fil des pages leurs vies parallèles. Une femme d’abord : elle élève seule ses trois enfants et prend tous les jours le RER. Un homme ensuite, médecin : il roule d’urgence en urgence et rompt avec Lila qui ne l’aime pas comme lui l’aime. Les deux tentent de vivre, essaient de tenir sans finalement espérer grand-chose, si ce n’est une vague rencontre avec la personne capable de les sauver de leur solitude.

No et moi explorait les richesses et les surprises de la rencontre entre deux êtres, il s’agit cette fois d’en examiner l’envers et de disséquer la solitude. Ainsi Les Heures souterraines raconte cette solitude, celle que sécrètent inexorablement les grandes villes mais aussi celle que l’on rencontre plus sournoisement, tous les jours, dans son travail par exemple. Elle, Mathilde, se retrouve isolée puis détruite au sein de l’entreprise dans laquelle elle travaille : «harcelée moralement» comme on pourrait dire par un supérieur qui n’a pas supporté la contradiction. Lui, Thibaut, accumule les visites chez des patients qui souffrent en premier lieu d’une solitude qu’il ne peut pas soigner.

Tout le récit pourtant est construit sur l’attente d’une rencontre entre ces deux-là, puisque le roman commence par la révélation d’une voyante qui affirme à Mathilde que le 20 mai prochain elle va rencontrer un homme et que sa vie changera… Soumise à une telle prédiction, l’attente se fait plus pressante à mesure que l’on tourne les pages et l’on comprend que l’ultra-modernité de ces existences urbaines inspire à Delphine de Vigan un retour aux sources du genre romanesque. Le principe en est simple : il s’agit de mettre en scène un homme, une femme et la possibilité – ou l’impossibilité – de leur rencontre. Mais le romanesque peut-il encore surgir au cœur de ces existences perdues ?

Dans Les Heures souterraines, Delphine de Vigan tient, pour un instant, la chronique d’une modernité qui s’essouffle, errante et sans espoir. On y retrouve la sincérité et la justesse de l’écriture que l’on avait découvertes dans No et moi, mais la tonalité générale est bien plus sombre, voire désespérée…

Thibaut de Saint-Maurice
( Mis en ligne le 14/03/2011 )
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