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Un jour avant Pâques de Zoyâ Pirzâd Le Livre de Poche 2010 / 6 €- 39.3 ffr. / 147 pages ISBN : 978-2-253-15664-2 FORMAT : 11cm x 18cm Première publication française en août 2008 (Zulma). Traduction de Christophe Balaÿ Ressusciter les ‘’éternels dormants’’… Marquée par sa double appartenance russe (par son père) et arménienne (par sa mère), sans parler du kaléidoscope identitaire qu’offre l’appartenance à l’Arménie, Zoyâ Pirzâd est sans doute particulièrement sensible à la question des identités, entre flirts et frictions, entente et intolérance. Avec Un jour avant Pâques, elle fait passer ces frontières plus ou moins poreuses et acoquinées dans les contours d’un Arménien, instituteur devenu directeur d’école. La fête éponyme – temps idoine de la résurrection, ici sous la forme de la remémoration - est comme un phare dans les souvenirs de cet homme, et l’occasion d’illustrer la cohabitation plus ou moins facile au fil du temps entre les communautés musulmanes et chrétiennes d’Arménie. Entre Téhéran et les bords de la Caspienne, le temps coule, comme le sang de l’homme, poète peu à peu vieilli, autrefois enfant rêveur et très ami d’une jeune musulmane, Tahereh, fille de la concierge ; hier, père d’une fille devenue adolescente et amoureuse d’un musulman : sa femme, Marta, ne voit pas d’un œil serein cette alliance entre Alenouche et cet Autre qu’eux ; aujourd’hui, veuf inconsolé que tente de ramener vers le goût de vivre sa collègue Danik, elle-même hantée par un passé illustrant ces liens indésirables, amitiés ou amours sans droit de passage au travers de ces lignes communautaires ; trop souvent, des murs… Le temps rebrousse chemin devant quelques objets au fort pouvoir de réminiscence : une coccinelle pour l’enfance, la préparation du thé matutinal par un époux amoureux, les pâtisseries de la fête pascale, un peu d'encre verte… D’où ce ton mélancolique, plume élégiaque et nostalgique d’un être pleurant ceux qu’il appelle les «éternels dormants». Un roman court, lu d’une traite, comme on verrait passer dans un ciel au couchant un nuage annonçant la pluie, discret, beau dans les teintes du crépuscule, triste aussi. Et l’occasion d’une belle échappée vers des terres littéraires moins connues du lecteur français. Bruno Portesi ( Mis en ligne le 10/06/2010 ) |
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