L'actualité du livre
Bande dessinéeet Manga  

Racaille blues (vol. 28)
de Masamori Morita
J'ai lu - Manga 2004 /  5.80 €- 37.99  ffr.
ISBN : 2-290-34065-0
FORMAT : 11 x 18 cm

Bêtes et méchants

Depuis que Kasai a décidé d’être l’unique «roi du ciel», c’est-à-dire le caïd numéro un de Tokyo, c’est l’agitation dans les différents gangs de la ville. Agitation transformée en véritable panique depuis que le jeune voyou a vaincu sans difficulté aucune les trois autres «rois», dont Maeda, qui n’a pourtant pas encore dit son dernier mot… Mais, paradoxalement, Kasai ne se bat que par nécessité : en effet, pour retenir sa bande autour de lui, ce dernier doit perpétuellement prouver qu’il mérite le titre de chef. Pris au piège dans cet engrenage de violence, Kasai multiplie bastons et rixes en tous genres. Miyasaka, son meilleur ami, ose un jour lui dire ses quatre vérités, insistant notamment sur le fait que le groupe de jeunes voyous qui gravite autour de lui n’est qu’une cour d’admirateurs opportunistes qui n’hésitera pas à l’abandonner si jamais le vent venait à tourner. Après avoir dûment massacré l’effronté, Kasai se met en route pour un second affrontement avec Maeda, qui décidément le cherche beaucoup ces temps-ci…

On verse avec ce vingt-huitième tome (!) dans la galerie de brutes épaisses sans éducation, et surtout sans cerveau. Violents, agressifs et obsédés par leurs luttes intestines, les personnages se révèlent de surcroît capables de cruauté et n’ont définitivement rien de sympathique. Entourés de midinettes d’une niaiserie rare, ils sont incontestablement les clichés du shonen parfait, saupoudré comme il se doit d’une bonne dose d’humour salace. L’auteur pousse parfois même un peu loin les limites de la violence gratuite et de l’humiliation, nous livrant d’interminables scènes de bagarres sanglantes où, malgré des passages à tabac perpétrés sans ménagement, la morale reste sauve : en effet, jamais aucune mort n’est à déplorer chez ces barbares surhumains à la gueule de tueurs. Ceci serait tout simplement grotesque si ce n’était pas aussi dérangeant : face à toute cette haine sans fondement, un malaise s’installe progressivement chez le lecteur, et les personnalités psychopathiques des protagonistes ne manquent pas d’opacifier un peu plus les tenants et aboutissants de leurs actions. Hermétique, la série reste surtout destinée aux fans de bastons et de gros durs. À lire au huitième degré…

Océane Brunet
( Mis en ligne le 20/06/2004 )
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