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Bande dessinéeet Manga  

Les Lamentations de l'agneau (vol. 1)
de Kei Toume
Delcourt - Akata 2005 /  7,50 €- 49.13  ffr. / 199 pages
ISBN : 2-84789-556-6
FORMAT : 11x18 cm

Entretien avec un vampire

Kazuna Takashiro a perdu sa mère étant enfant. Alors qu'il est sans nouvelles du reste de sa famille, voilà que sa sœur aînée fait de nouveau irruption dans son existence. Mais quelque chose ne tourne décidemment pas rond dans la vie du lycéen, qui fait des malaises à répétition à la simple vue du sang et ne supporte plus la couleur rouge, génératrice de palpitations et d’horribles céphalées…

Comment décliner de façon originale une histoire de vampires sans tomber dans les clichés habituels ? Kei Toume apporte ici une réponse simple et efficace au problème en expliquant de manière pseudo rationnelle cette soif de sang dont sont victimes ses protagonistes : une maladie génétique orpheline qui s’accompagne d’une dégénérescence cérébrale et d’une démence précoce. Nous voilà donc plongés dans le quotidien d’un étudiant désespérément banal, au cœur d’un Tokyo hypermoderne, où fait irruption de manière très insidieuse une part de fantastique autrement plus inquiétante. Non sans subtilité, l’auteur mêle imagerie gothique et angoisses psychanalytiques, où les peurs abandonniques et les souvenirs confus font le jeu d’un malaise difficilement palpable.

Les Lamentations de l’agneau accorde de plus une place centrale à la maladie (notamment mentale), et à son ancrage dans une société moderne de moins en moins tolérante envers « l’anormal ». Le manga dépeint avec beaucoup de justesse l’isolement qui en découle, le sentiment d’injustice qu’elle suscite et les croyances qu’elle recouvre, alliant souvent aux craintes les plus infondées le rejet massif de ceux qui sont en bonne santé. L’auteur touche ainsi du doigt cette vertigineuse différence qui stigmatise les « mal portants », et les bannit de toute considération sociale. Le tabou de la maladie reste probablement l’un des plus prégnants sous nos latitudes pourtant si évoluées…

Océane Brunet
( Mis en ligne le 19/06/2005 )
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