L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Vacance
de Cati Baur
Delcourt - Mirages 2009 /  14.95 €- 97.92  ffr. / 120 pages
FORMAT : 16,7x25,7 cm

La crise

Vacance au singulier, pas au pluriel : si l'héroïne de Cati Baur décide un jour de tout plaquer, ce n'est pas pour se payer une bonne tranche de loisirs, mais parce qu'elle ne résiste pas à l'appel d'une liberté qui sonne comme l'écho d'un vide, celui de sa vie, qu'elle se décide à affronter.

A la lecture de ce récit, on songe à Lulu, femme nue, de Davodeau (voir notre article). Même ras-le-bol de deux femmes ordinaires, mariées et mères de famille, même instinct de tout quitter un jour, sans rien expliquer à son petit monde. Mais le parallèle s'arrête là : la narration est ici menée du point de vue de l'héroïne, et l'histoire, en un seul tome, ne réserve pas les zones d'ombre que Davodeau ménage dans son diptyque dont un seul volet nous est à cette heure livré.

L'errance de Marie, trentenaire grassouillette, la fait passer de bras en bras, d'abord ceux d'un routier qui la mène vers le soleil de la Côte d'Azur, puis ceux d'un peintre qui connaît une petite gloire locale et à l'ombre duquel elle profitera quelque temps d'une vie plus fastueuse que l'ancienne. Mais l'envie de liberté la pousse encore à partir. D'hôtel en hôtel, elle rencontre une aristo sur le retour avec qui elle va mener grand train un temps encore, un temps seulement, car il est difficile de n'être pas tout simplement ce que l'on est.

Cati Baur explore un sujet fascinant qui nous touche tous : la rupture de contrat, ce contrat implicite qui fait que chaque matin, au réveil, on accepte de reprendre le rôle que l'on jouait la veille. Amis, boulot, famille : tout est en place, jusqu'au jour où quelque chose, un doute venu du tréfonds, une braise étouffée mais revêche, vienne tout bouleverser. Passées les premières heures d'un exquis sentiment de liberté, que reste-t-il ? Un immense vide, qui n'est que le retentissement malheureux et effrayant du petit vide jusqu'alors paré des atours de la normalité.

Si le sujet est fascinant, son traitement l'est moins. Malgré le temps qu'elle s'accorde (120 pages), Cati Baur se contente d'une chronique sans beaucoup plus de relief que son héroïne. Un récit intimiste, très actuel dans son manque d'ambition, servi par un trait rapidement brossé non moins actuel, non dénué d'un certain charme, certes, mais un peu ennuyeux.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 02/03/2009 )
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