L'actualité du livre
Bande dessinéeet Réaliste  

Pour un peu de bonheur (tome 1)
de Laurent Galandon et A.Dan
Grand Angle 2012 /  13.90 €- 91.05  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-8189-0904-1
FORMAT : 23,5x33 c1

Fin de guerre

On est au printemps 1919 et Félix revient de la guerre après 6 années d’absence : chanceux le Félix… au moment où il achevait ses années de service militaire, la guerre éclate, qui lui arrache une partie du visage. Le voilà avec la « gueule cassée » pour l’éternité, une femme qui a du mal à le reconnaître, un enfant qu’il n’a pas vu grandir et qui le fuit, des copains morts au front et des images de tueries qui ne s’effacent plus. Portrait d’une génération traumatisée, dans un pays traumatisé. Et comme si la guerre ne suffisait pas, il revient dans un village où un individu s’attaque aux troupeaux, et tue les bêtes. Un enquêteur venu de Paris est là, Henri Nivoix, vétéran de Verdun, manchot, doté d’une mémoire photographique, lancé sur la piste du tueur. Que peut-il se passer entre ces deux hommes également marqués ?

Ambiance Fred Vargas pour ce premier tome réussi d’un polar rural sur fond de démobilisation. Un tueur de vaches, un village marqué – comme le reste du pays – par la guerre, un détective manchot et un héros défiguré et traumatisé… Atmosphère, atmosphère, et l’intrigue policière qui s’entrecroise avec les images de guerre, le récit d’une démobilisation, du retour à la ferme d’une « gueule cassée » et de la difficulté d’être le seul survivant d’une génération fauchée par les combats. Le scénario de Laurent Galandon mêle habilement les différents thèmes, les souvenirs, les impressions sans jamais en faire trop : avec une grande habileté, il sait entraîner son lecteur dans un monde disparu, biens servi par le graphisme réaliste de A.Dan. Très inspiré par Boucq (il y a quelques portraits qui semblent sortis tout droit de son œuvre), A.Dan alterne les visions du front, des tranchées, des hôpitaux militaires et celle d’un village qui semble préservé. Sans excès de sensationnalisme, il s’attache à donner à Félix une « gueule cassée » crédible, dont, par moments, on devine les stigmates. Un graphisme suggestif très efficace pour une intrigue en deux tomes, prometteuse.

En annexe, l’album comprend un cahier sur les gueules cassées, rédigé avec le concours du service de santé des armées, très accessible sans photographies traumatisantes – les auteurs ont pensé aux jeunes lecteurs, qu’une réalité trop crue pourrait déstabiliser. Une excellente initiative pour rappeler à tous la réalité de ces guerres qu’on ne voit plus qu’à la télévision, et don on ne mesure pas forcément la portée traumatique.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 20/03/2012 )
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