Bande dessinée
Comics de Bryan Talbot
Kymera 2007 / 13 €- 85.15 ffr. / 104 pages
ISBN : 2916527048
FORMAT : 17x24 cm
A pour Apocalypse…
L’Angleterre du XXIe siècle : la Reine Anne règne sur un empire démesuré, Londres est le cœur du monde et se prépare à accueillir une exposition universelle mémorable… Mais un complot puritain menace la couronne. Cette Angleterre-là existe, mais loin de la nôtre, dans un monde parallèle. Pour la visiter, la seule solution est de voyager à travers ce monde, comme Luther Arkwright, personnage mystérieux dont cet album raconte les aventures. Bryan Talbot a créé un univers particulier : celui d’une Angleterre uchronique dominée par une reine étrange, une Angleterre où la magie côtoie la technologie la plus avancée (les intelligences artificielles) dans une ambiance steampunk assez baroque. Une première série narrait les aventures de Luther Arkwright, héros se promenant, tel le Docteur Who (autre icône britannique) à travers les dimensions, et qui, dans celle-ci, luttait aux côtés de la reine Anne et de sa famille. 20 ans ont passé : Luther est reparti mystérieusement, mais il a laissé une fille et des soucis. Entre autres, une rébellion puritaine, un complot militaire, des menées vaticanes, une fille déboussolée par l’absence de papa et le silence de maman, une mère qui ne se console pas d’avoir perdu son fils, des mystères en pagaille… et l’apocalypse dans 3 jours !
S’il s’insère dans le monde des comics, tant par le format que par le style graphique (très classique dans le genre), Bryan Talbot y applique toutefois un esprit bien particulier, plutôt irrévérencieux (il y a quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre) : l’humour et l’ironie sont constamment au rendez vous (la scène d’ouverture - un moine goûtant à des plaisirs bien terrestres – est significative du ton très libre de l’ensemble : âmes prudes s’abstenir). La présentation même de l’album, sous forme de recueil venu de cette terre parallèle (où Talbot est un artiste officiel) est amusante. On joue sur le thème de l’uchronie, d’une manière plus humoristique que dans V pour Vendetta, mais avec les mêmes thèmes, l’histoire d’une Angleterre devenue une dictature. La référence à La Ligue des gentlemen extraordinaires vient également : l’ambiance y est tout aussi sombre, vaguement gothique, avec une touche underground en plus, et la série peut être déroutante au premier abord. La lecture du premier recueil des aventures de Luther Arkwright est à recommander, mais ne s’impose pas forcément : ce nouvel album a sa propre unité et sa cohérence. Le personnage principal n’est plus le beau Luther, mais sa fille Victoria. À part cela, l’impression de délire anarchique demeure, dans une narration plus linéaire que la série initiale. Bref, une série à découvrir pour les amateurs d’uchronie trash et d’univers steampunk bizarres.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 20/02/2007 )
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