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Bande dessinéeet Fantastique  

Zombillénium (tome 3) - Control Freaks
de Arthur de Pins
Dupuis 2013 /  14.50 €- 94.98  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-800-15755-9
FORMAT : 24x32 cm

Passons aux choses sérieuses

Zombillénium, parc à thème – gothique, horrifique, monstrueux – un parc original en ce que les monstres y sont de vrais monstres, morts vivants, vampires, loup-garous, etc., tous embauchés par l’enfer pour divertir l’humanité, punir quelques méchants et faire du cash. Voilà deux albums que cette belle machinerie fonctionnait, avec la complicité du curé local en plus… Le décor était planté, et joliment en plus, mais il faut maintenant entrer dans le vif du sujet.

Car un parc de jeux infernal devrait quand même se montrer plus ambitieux que cela : après tout le lucre, s’il est une motivation compréhensible, est tout de même très humain, et l’on attend un peu mieux (ou pire) des démons qui contrôlent Zombillénium. Aussi un vampire « consultant », Bohémond Jaggar de Rochambeau, est il envoyé pour seconder Francis, le vampire directeur du parc. Objectif : rentabiliser Zombillénium, et le rendre à sa mission première, la capture des âmes pour le compte de l’enfer. Et en dépit des employés, Bohémond change les règles, redonnant à Zombillénium sa vraie nature, celle d’une porte de l’enfer. Alors, oui, comme dans tous les plans de restructuration, il y aura contestation de la part des cadres, des employés, bataille syndicale et grève perlée, on risque, chez certains employés, l’accident, le burn out. Quelques juristes pourraient même s’en mêler… mais si les actionnaires sont convaincus par des méthodes plus agressives, si le public – passé la stupeur – en redemande (inconscient), et si l’actionnaire principal, Béhémoth, est heureux… ?

Mais il y a dans l’affaire quelques rouages mal planifiés, Aurélien Zahner, que sa nouvelle condition de démon commence à déprimer, ou encore Gretchen, la gentille sorcière, qui mène sa propre quête, en interne.

Avec ce troisième tome, Zombillénium prend du champ : le décor est désormais posé, les personnages installés, le graphisme – virtuose – est maîtrisé, ce nouvel album développe une intrigue plus complexe, plus tordue qui redonne à la série et à son objet central, le parc, une dimension plus adulte. Après tout, c’est un parc infernal, il faut bien que son côté maléfique se manifeste. Le plaisir vient également des personnages, désormais très rôdés : dans les deux précédents tomes, Arthur de Pins avait, mine de rien, développé quelques personnalités, quelques caractères. Le lecteur s’était pris à apprécier certains employés monstrueux : poursuivant dans cette veine, il livre désormais une parodie habile d’un capitalisme infernal, d’un plan de restructuration mené par un vrai démon, et confronte les deux logiques, celle du bien être et celle du chiffre (des âmes plutôt). Bref, on rentre dans le vrai monde, la réalité, celle qui fait mal. La crise, vue par l’enfer, appelle des solutions… infernales. Un troisième tome très réussi donc, qui confirme la qualité de la série et en éclaire les virtualités.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 26/11/2013 )
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