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Bande dessinéeet Fantastique  

Monsieur Mardi-Gras Descendres (tome 3) - Le Pays des larmes
de Eric Liberge
Dupuis - Empreinte(s) 2005 /  12.95 €- 84.82  ffr. / 64 pages
ISBN : 2-8001-3597-2
FORMAT : 24 x 32 cm

Histoire d'os

Suite des rééditions de la saga culte d’Éric Liberge avec cet avant-dernier tome, le dénouement inédit étant prévu pour le second semestre 2005. Si le deuxième album de la série ralentissait quelque peu le rythme devant la quantité d’informations à transmettre au lecteur, « Le Pays des larmes » est un festival de moments forts se succédant à une folle cadence. Attention dès lors à ne pas perdre le fil devant une intrigue complexe aux multiples fils narratifs.

Réduit à l’état de squelette et rebaptisé Mardi-Gras ad patres, Victor Tourterelle est toujours aux commandes de la Santa Maria, accompagné du psychopompe Pétronille Fête-Dieu. La caravelle survole les alentours de Pluton, et s’apprête à traverser les huit cercles concentriques qui forment les derniers tréfonds du Purgatoire. Pour le cartographe à la recherche de la fiole contenant son âme, ce voyage va prendre les allures d’un rite initiatique particulièrement éprouvant. Chacun des cercles du purgatoire représentant pour Mardi-Gras une nouvelle terrible épreuve qui le confronte à ses démons les plus intimes. Les sept péchés capitaux (auxquels Liberge rajoute astucieusement un huitième, la Négligence) sont ainsi déclinés, mettant Tourterelle face à ses doutes et ses peurs, mais surtout face à son arrogance et sa soif de pouvoir. Pendant ce temps, sous l’influence des membres de la Corniche, la révolte gronde à Sainte Cécile, et le Septuagésime au masque de fer s’apprête à se faire violemment détrôné. C’est bientôt tout le Purgatoire qui devient lieu d’émeutes et de soulèvement.

Plus encore que pour les deux précédents tomes, Éric Liberge a ici des envies de grandeur, d’esbroufe parfois, et de vues fantastiques. Son trait précis et minutieux se conjugue cette fois à des effets de matière et de couleurs particulièrement inspirés : on pense à du Gustave Doré sous acide qui tracerait sur le papier ses visions de paysages cyclopéens, de cités mythiques disparues, et d’arches perdues.

Au-delà de cette virtuosité graphique, il faut une fois de plus souligner le très grand soin apporté aux dialogues : l’auteur s’amuse à inventer un argot des plus fleuris ou, à l’inverse, peaufine un langage précieux et ampoulé à l’extrême. Si la série n’échappe pas toujours à un certain maniérisme, on ne peut que saluer le travail d’Éric Liberge, auteur complet et particulièrement inventif. Liberge possède le talent nécessaire pour concrétiser ses ambitions, et compose avec malice et ingéniosité une intrigue particulièrement prenante, dans un univers original et parfaitement maîtrisé. Ne reste plus qu’à espérer que le quatrième tome terminera en beauté cette série riche et inspirée.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 06/04/2005 )
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