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Bande dessinéeet Fantastique  

La Lande des aviateurs (tome 1) - Ceux qui restent
de Alessandro Bilotta et Carmine Di Giandomenico
Les Humanoïdes associés 2006 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7316-1751-9
FORMAT : 24x32 cm

Coucous et cannibales

Imaginez un monde où la mer, disparue, est remplacée par le ciel, où les hommes vivent sur des îlots et sillonnent les cieux en avion pour pêcher… Des oiseaux, un ciel rempli d’aviateurs-pêcheurs, de flibustiers, de pirates des airs, de voyageurs divers. Ce monde, c’est celui de La Lande des aviateurs : d’où vient-il ? Comment l’humanité en est arrivée là ? On ne le sait pas et on s’en moque un peu. L’essentiel est ailleurs : ce serait plutôt de savoir qui est le mystérieux aviateur au corps gravé de poèmes qui s’écrase au pied du phare gardé par Lampara, une jeune femme seule, qui attend encore son mari parti chercher un trésor. Et pourquoi cet aviateur semble pris de folie homicide, à peine réveillé ! Et qui est également l’élégant Baron Garbo, qui écume le ciel en compagnie d’une cour aux allures aristocratiques, aux sourires carnassiers et aux habitudes culinaires plutôt inquiétantes. Il faudra la patience de Lampara pour dompter le mystérieux naufragé et le rendre à la raison, et le déclic d’une rencontre avec le baron Garbo pour que les souvenirs reviennent.

Il y a des albums, des séries qui semblent d’emblée plus délirantes, plus allumées que les autres : un monde un peu bizarre, des héros à moitié dingues, un récit rapide et rythmé, un graphisme riche qui ne craint pas une certaine brutalité, voilà la recette de La Lande des aviateurs, et c’est une recette qui marche. Si le graphisme de Carmine di Giandomenico, passé par les comics et les fumetti italiens, a su profiter des ambiances comics et de certaines influences européennes (la page 7 est quasiment un hommage à Bilal), pour donner à cet album le rythme enlevé qui le caractérise, c’est surtout le scénario un peu déjanté d’Alessandro Bilotta qui fait des merveilles. Qu’on en juge : un monde fait de parcelles de terre perdues en plein ciel, des hommes condamnés à devenir aviateur pour survivre et communiquer, des rebelles au corps gravé de poèmes, des aristocrates cannibales et des pirates de l’air. Si la recette d’un bon univers fantastique est une hypothèse délirante développée de manière rationnelle, alors il y a dans cette série un sacré travail à réaliser pour le scénariste, mais au vu du premier tome, la suite se fait déjà attendre avec impatience. Pour les amateurs de fantasy-steampunk un peu originale, avec un brin de poésie et une touche d’horreur… De quoi s’envoyer tranquillement en l’air.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 26/07/2006 )
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