Bande dessinée
Fantastique de Sandrine Martin
Actes Sud - l'An 2 2007 / 18.50 €- 121.18 ffr. / 68 pages
ISBN : 978-2-7427-7136-0
FORMAT : 19x26,5 cm
Double fond
Dans ce nouvel album de Sandrine Martin (Le Souterrain, avec Xavier Gélard), une situation a priori banale se transforme vite en insolite tour de magie avec double fond, disparition, transformation et autres dons de voyance… Une table, une plante verte, un livre ou un simple pull, des objets que l’on pensait connaître par cœur, domestiqués et dominés, deviennent les points de départ vers des mondes parallèles étonnants. Le quotidien bascule ainsi d’un instant à l’autre dans une quatrième dimension étrange mais finalement immédiatement acceptée par les personnages qui se sentent là comme chez eux, à peine surpris de pouvoir littéralement se se fondre dans une table ou se perdre dans un pull. Comme un enfant qui rêve de supers pouvoirs, Sandrine Martin sublime ainsi le plus anodin des événements par quelques capacités extraordinaires ou passages secrets vers d’autres lieux toujours enrichissants pour qui les visite. Lire dans les pensées de sa tendre moitié, redevenir enfant, se glisser dans la peau d’un individu du sexe opposé, se démultiplier… Qui n’a pas rêvé pouvoir faire de même ?… L’auteure met à plat ces petits fantasmes insolites, ces désirs de toute puissance qu’elle intègre à des tranches de vie plus familières. La magie et les tours de passe-passe extraordinaires sont ainsi mis au même niveau que d’autres événements eux aussi porteur d’une certaine alchimie étrange et inexplicable comme une nouvelle rencontre amoureuse.
Quatre histoires sont recueillies dans cet album, quatre récits aux portes d’un fantastique appréhendé sans fioritures ni emphase, comme dans un drôle d’état second entre rêverie passagère et décrochages surréalistes. C’est que les thèmes ici traqués par Sandrine Martin restent ceux de l’amour, des sentiments et des émotions simples. Le fantastique et le merveilleux ne venant que comme des compagnons de route permettant d’y voir un peu plus clair dans ces émois parfois difficiles à gérer. Le dessin, plutôt simpliste et dégagé de toutes contraintes trop rigides, achève de donner à ces histoires un caractère quasiment banal, faisant passer ces traversées du miroir pour de simples et brèves escapades. Les frontières sont abolies entre réel et imaginaire, tout est ici traité de la même manière, empêchant le lecteur de creuser trop loin le pourquoi et le comment, l’emportant avec une désarmante facilité dans un monde forcément familier et pourtant toujours surprenant. Sandrine Martin n’est jamais plus convaincante que lorsqu’elle s’en tient à cette fantaisie légère, portant un regard révélateur, un "oeil lumineux", sur les objets et les êtres.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 14/01/2007 )
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