L'actualité du livre
Bande dessinéeet Policier - Thriller  

L'Association des cas particuliers (tome 1) - Sapiens
de Philippe Riche
Les Humanoïdes associés 2006 /  10 €- 65.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7316-1752-7
FORMAT : 22,5x30 cm

Da Vinci crâne ?

Si même les brocanteurs s’y mettent… Tout commence lors de la fameuse canicule estivale : une vieille dame meurt seule, ses affaires sont vendues à un jeune brocanteur qui trouve, dans ce fatras, un reliquaire en forme de crâne (avec un crâne à l’intérieur) datant des Mérovingiens. En soi, la découverte est originale (l’on croise plus systématiquement les reliquaires, objets sacrés contenant des reliques de saints, dans les églises), mais il semble par ailleurs que l’objet intéresse beaucoup de monde, et soit au centre d’une histoire plus ancienne ou plus secrète, d’une lutte pour le pouvoir entre plusieurs familles au sein d’un mystérieux « ordre de Saint Louis », un conflit qui s’étend à travers les siècles, à coup de réincarnation. Surtout, il apparaît que l’objet lui-même pose des problèmes de datation… À moins que ce ne soit toute l’histoire de l’humanité qui ne soit à revoir ? Pour enquêter, Philippe Riche a réuni une bande assez hétéroclite : l’Association des cas particuliers, formée d’un couple de brocanteurs, Simon et Rebecca (les jambes) et d’Ernst Lazare (la tête), un antiquaire mondialement connu, spécialiste d’objets liés à la mort.

Comme dessinateur, Philippe Riche livre avec cet album un travail magnifique : le trait est vif avec des personnages individualisés en quelques coups de crayons, la mise en scène est assez enlevée avec quelques plans inattendus, des angles bizarres et des cadrages originaux. Le travail des couleurs est saisissant, jouant subtilement des tonalités, des contrastes, des ombres pour livrer une vision un peu intemporelle de Paris. Quant au Philippe Riche scénariste, il s’en tire assez bien, dans une version BD de Dan Brown (inévitable Da Vinci Code, avec sa société secrète et sa relique tout aussi révolutionnaire pour l’histoire de l’Eglise), mais gagnerait à plus de clarté, ou de fluidité : si l’inventivité est là et bien là (le gang des trois tueuses, la relique, la troupe hétéroclite de SDF, l’ordre de Saint Louis…), le récit est un peu épars, tire dans tous les sens, et à la fin de ce premier album, le lecteur reste encore largement sur sa faim, sans trop savoir ce qui lie les divers éléments ensembles et ce qui se trame entre ces familles au nom aristocratique. Il faut voir dans ce flou artistique une manière de faire monter le suspens, de créer des interrogations (c’est gagné), mais à trop vouloir dissimuler, ne risque-t-on pas de passer à côté d’une histoire peut être moins intrigante, mais mieux rythmée ? Bref, une série qui a de l’avenir, si elle ne succombe pas à l’hermétisme ambiant et sait se recentrer sur un suspens divertissant.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 01/07/2006 )
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