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Bande dessinéeet Aventure  

Narvalo (tome 1) - Mercenaires princiers
de Yann et Erik Juszezak
Dargaud 2005 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 48 pages
ISBN : 2871298610
FORMAT : 22 x 30 cm

Soldats sans fortune

Un mercenaire fait-il un héros « décent » ? Certes, un Han Solo dans Star Wars défend haut la main le titre de héros charismatique avec un côté voyou plaisant… mais c’est aussi un homme capable de rédemption. Avec Narvalo, de Yann et Juszezak, on nage dans les mêmes eaux (le mercenariat s’entend)… mais sans la rédemption. Alors, héros ou anti-héros ?

Narvalo est un mercenaire, au passé mouvementé et encore mystérieux, à la tête d’une équipe qui se vend au plus offrant : certes, l’altruisme du héros lambda en prend un coup, mais après tout, il faut de tout pour faire un album… Coup de chance, cette fois-ci, Narvalo est employé par le prince Akim, souverain d’un micro-Etat (le Zeeland : une ancienne plateforme pétrolière en fait reconvertie en portail web !) pour défendre la liberté informatique et la souveraineté virtuelle du-dit Zeeland. Et lorsque cette enclave libertaire est assaillie par des troupes d’élite et qu’il faut, en hâte, s’enfuir, nos mercenaires commencent à comprendre qu’ils sont dans une affaire bien plus délicate qu’une banale censure informatique, une affaire où la haute technologie militaire voisine avec les armes non conventionnelles et plutôt interdites.

Disons-le tout net, l’album est un peu décevant pour un scénariste du talent de Yann (Les Innommables, Odilon Verjus….) : déjà, Narvalo lui-même n’a guère d’épaisseur, peu de relief et ne fait pas un héros très attrayant. Ensuite, le scénario est mince, tiré par les cheveux, avec des trouvailles assez peu convaincantes (Orlanda, l’île flottante peuplée de lesbiennes paramilitaires, ou encore le mystérieux virus qui dévore la figure, n’y laissant qu’un trou noir peu crédible). Et les petites provocations « politiquement incorrectes » qui sont l’une des marques de fabrique du scénariste (un mercenaire vient de Tchétchénie et raconte la guerre contre les rebelles tchétchènes « jusque dans les chiottes », une Américaine évoque nostalgiquement les conditions de détentions à Abou Ghraib…) tombent à plat, lourdement. On en ressort dubitatif quant à une série qui entend se placer sur le terrain, ô combien intéressant, du mercenariat et de la politique-fiction. Si le graphisme réaliste et précis d’Eric Juszezak est tout à fait maîtrisé, adapté au rythme rapide du récit, rappelant parfois la série XIII, il manque encore une histoire à la hauteur, qui saura donner au mercenaire en BD ses lettres de course.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 16/10/2005 )
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