Bande dessinée
Humour de Marine Blandin et Sénastien Chrisostome
Casterman Professeur Cyclope Arte Editions 2015 / 16 €- 104.8 ffr. / 104 pages
ISBN : 9782203091788
FORMAT : 25x18 cm
30 millions d’ennemis
L’amour n’est définitivement pas dans le pré. C’est plutôt un champ de bataille, une jungle, et cette suite de strips totalement hilarants le prouve à chaque fois. Marine Blandin et Sébastien Chrisostome parviennent en quelques pages seulement à créer un univers d’une parfaite cohérence, d’une totale évidence : à lire La Renarde c’est comme si l’on découvrait un
classique oublié, avec des personnages d’une prestance immédiate et des ressorts comiques impeccables. L’humour de répétition, inhérent au format strip, est ici mis à l’honneur, avec son lot de variations bêtes et méchantes. Chaque personnage à droit à son quart de page de gloire et c’est au final tout un petit théâtre graphique qui se joue.
Dans cette vie de ferme, tout le monde est un peu crétin et seule la Renarde, lointaine descendante du goupil , parvient à ses fins (manger des poules et des petits lapins). Certes, elle est maline mais dans un monde où tout le monde est franchement abruti, ça n’est pas difficile de sortir du lot. Il y a le gros chasseur qui se fait avoir à chaque fois. Son chien Georges, pas méchant, mais absolument incapable de garder un poulailler et de tenir quelques moutons groupés. Il y a ensuite un âne totalement frappé, un loup affamé mais pas fûté, un gros cheval un peu racaille et une maman lapine complètement dépressive. C’est avec cette dernière que l’humour de La Renarde est le plus féroce et le plus cruel : la pauvre animale n’en pouvant plus de voir, jour après jour, ses petits dévorés.
C’est aussi dans ses solutions graphiques que l’album se fait remarquer : si au premier abord, avec ses trames et son dessin au trait, le recueil semble jouer la carte de l’hommage un peu rétro et désuet à la bande dessinée animalière, plusieurs élément sont d’une belle modernité : ainsi les lapinots réduits à la forme d’une balle à cyclopéenne où l’âne complètement désossé. Tout est ici
d’une belle invention.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 05/05/2015 )
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