L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Poco-Woki, prince des chasseurs
de Tofépi
Delcourt - Shampooing 2007 /  11.50 €- 75.33  ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-7560-0631-4
FORMAT : 14,5x21 cm

Un Indien dans la ville

Poco-Woki est un petit indien débrouillard et curieux qui quitte ce jour-là la tente familiale pour aller chasser. Sur son chemin, il rencontre Ruddy l’ours gourmand qui cherche à faire du feu. Après quelques détours, les deux compagnons vont bientôt se retrouver mêlés à un machiavélique complot ourdi par deux prisonniers en fuite : s’ils n’obtiennent pas une rançon de 10 millions de dollars, les gangsters lâcheront sur la ville de Tagueule Gulch le terrible poison Rirfou, gaz hilarant et mortel. Pour contrer ce terrible attentat, Poco n’est heureusement pas seul. Il a, outre Ruddy, quelques précieux alliés en la personne du Shérif, de l’oiseau Kuek et d’Alfred, le patron de la kébaberie du coin. Dans le même temps, la mère de Poco, inquiète de ne pas voir son rejeton revenir part à sa recherche… sous son identité secrète de justicière invincible, Super-Squaw.

On l’aura compris, rien ne tourne vraiment très rond dans le monde de Tofépi. Quelque part entre Edika et Jacovitti, le dessinateur élabore une aventure improbable et incroyable, délirante à souhait et dont le caractère ouvertement improvisé la rend aussi attachante que foldingue. En roue libre et sur un pied, voilà un auteur qui ne se prend pas au sérieux et qui déroule son trait simpliste et rustique - pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple et drôle ? - dans des planches découpées sommairement, les gaufriers utiles devenant réservoirs d’idées saugrenues et de séquences franchement barrées. Certes, tout n’est pas forcément réussi ici et quelques gags tombent à plat de même que le découpage linéaire finit parfois par lasser, mais l’ensemble est coloré et mouvementé, et quelques jolies trouvailles suffisent à faire notre bonheur.

On sent aussi un style narratif libre et sans contraintes, alignant les intermèdes et les fausses pistes, et comme en train de se façonner au fil des planches: ainsi, si la majeure partie de l’album est quasiment muette, les textes d’abord réduits à quelques onomatopées ou simples interjections se changent progressivement en des dialogues plus élaborés, des répliques plus classiques. De même dans l’univers présenté, ce qui n’était d’abord qu’une chronique loufoque chez les Indiens d’Amérique devient rapidement un grand bazar où viennent se culbuter animaux danseurs, machinations diaboliques, manèges gonflables et super-héros masqué.

L’ensemble se lit dès lors comme un concentré de ces illustrés d’autrefois, feuilletons à suivre d’une semaine sur l’autre, et dont le scénario virevoltant filait d’un point A pour ne jamais parvenir au point B. En jouant sur les codes de cette innocence proche d’un joyeux et réjouissant amateurisme, Tofépi parvient tout du long à donner à son album une grande fraîcheur et un ton très divertissant.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 24/04/2007 )
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