Bande dessinée
Humour de Serge Dehaes
Editions Audie - Fluide Glacial 2007 / 9.95 €- 65.17 ffr. / 48 pages
ISBN : 9782858150199
FORMAT : 22,5x29 cm
Rendez-vous manqué
De Dilbert à Caméra Café, le monde de l’entreprise a inspiré bon nombre d’humoristes. Avec cette série de strips publiés d’abord dans Spirou et réunie pour la première fois dans un recueil, Serge Dehaes s’attaque à son tour au comique de bureau. Les thèmes sont donc connus et les passages obligés : réunion interminable autour d’une longue table, la place de parking, les revendications, les caprices de l’ordinateur… Dehaes réduit ce milieu à quelques figures fortes, le patron imbuvable, l’homme de ménage, la secrétaire et une paire d’employés dévoués. La petite comédie humaine peut alors fonctionner, les situations absurdes ne manquant pas.
Sauf que… l’efficacité des gags reste ici discutable. Entre le déjà-vu et le juste plaisant, les strips restent assez décevants. Et si quelques très bons gags existent ici et là, ils font malheureusement figure d’exception. Le problème vient peut-être de ce pénible syndrome piqué à Geluck (le papa du Chat a d’ailleurs adoubé, au dos de l’album, Dehaes qui fut autrefois son assistant) qui fait d’un strip le simple tronçonnage d’un bon mot pas toujours heureux et même un peu lourd. Exemple parmi d’autres : « Un directeur a toujours raison… Je ne dis pas ça parce que je suis directeur… Je dis ça parce que j’ai raison ! ». Bon.
De même la caricature ou la critique de cet univers qui serait carcéral s’il n’était pas si ridicule n’explosent jamais complètement, comme si l’on se retenait, préférant le confort du tiède à l’humour jaune citron glacé.
C’est dommage car le graphisme de Dehaes a quelque chose de vraiment original et d’attachant et la visite de son site personnel confirme un grand talent d’illustrateur. Pour ces strips, il use d’une ligne fine et prolongée qui fait ressembler ses petits personnages à des minces silhouettes en fil de fer, posées sur un plateau de jeu coloré à la perspective faussée. C’est ce minimalisme intelligent et plein de finesse qui reste le grand attrait d’un album à moitié réussi.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 09/05/2007 )
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