Jeunesse
Albums de Yvan Pommaux , Nicole Pommaux et Pascale Bouchié
Ecole des loisirs 2008 / 21.50 €- 140.83 ffr. / 44 pages
ISBN : 978-2-211-09171-8
FORMAT : 33,0cm x 24,5cm
Regard tendre et naïf sur 68
Yvan Pommaux (né en 1946) est un des illustrateurs de l’Ecole des loisirs (parmi les ouvrages récents : 22 !). Il travaille avec sa femme Nicole Pommaux qui met en couleurs ses dessins. S’il faut le relier à une tradition, ce serait à celle de la ligne claire. Pascale Bouchié (9 ans en 1968), rédactrice à Okapi, est auteur jeunesse (en particulier chez Bayard) ; ils s’associent pour, à l’occasion du quarantième anniversaire, proposer une lecture originale de 68.
68 vu par les yeux d’une petite fille, Véronique, Véro, dont la maman est institutrice et le papa, météorologiste. Elle est née au Tchad que ses parents quittent à l’indépendance pour revenir en France. Yvan Pommaux et Pascale Bouchié redessinent le climat général des années 60 : jupe plissée et cartable, premiers collants, les lectures, Tintin, la série de Alice et du club des cinq, bibliothèque rose et verte, les comptines enfantines, le poster du Che, la télévision rare, les premières séries (Saturnin le canard, Zorro, les Chevaliers du ciel…) sur fond de Brassens et de musique anglo-saxonne selon les générations… Grands-parents à la campagne, repas de famille, les logements exigus, l’autorité des adultes, les classes de neige…
Yvan Pommaux peuple les rues de voitures oubliées aujourd’hui : Simca, Dauphine, DS. Il avait, naguère, illustré Je me souviens de Perec (éditions du Sorbier, 1997) et l'on retrouve ici au fil des pages cette nostalgie intelligente qui dresse un décor si proche et si loin de nous, d’une France en pleine mutation. Brusquement, mai 68 fait exploser ce cadre calme : le frère aîné de Véro, Vincent (qui préfère qu’on l’appelle Vince) se jette dans les «événements», les slogans fusent, les affiches rivalisent d’inventivité, l’essence manque, les familles se déchirent, les manifestations se déploient. Mais le calme revient et des changements insensibles pointent : le tutoiement, des réformes, la publicité à la télévision. Roger Couderc continue à commenter les matches de rugby mais à la radio, car il a été licencié de l’ORTF pour sympathie affichée au mouvement de mai ; aussi, on regarde les images sur une télé dont on a coupé le son pour profiter du commentaire de la radio... Minuscules détails, oubliés aujourd’hui, mais qui parleront aux souvenirs des quinquas/sexagénaires...
Un vrai livre d’histoire, pour tous âges de 7 à 77 ans… Un «petit» livre qui en dit davantage que bien des gros pavés qui sortent actuellement en librairie sur 68…
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 30/04/2008 )
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