L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Moderne  

Révoltes et révolutions - Documents
de Benoist Pierre
Atlande 2005 /  22.50 €- 147.38  ffr. / 319 pages
ISBN : 2-350-30001-3
FORMAT : 12x18 cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris-I-Sorbonne, Thierry Sarmant est conservateur en chef du patrimoine au Service historique de l'armée de Terre. Il prépare, sous la direction du professeur Daniel Roche, une habilitation à diriger des recherches consacrée à "Louis XIV et ses ministres, 1661-1715". Il a publié une vingtaine d'articles sur l'histoire politique et culturelle de la France moderne et contemporaine et six ouvrages dont Les Demeures du Soleil : Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003)et La Roumanie dans la Grande Guerre et l'effondrement de l'armée russe (1999).

Regards croisés sur les révolutions

La question proposée à l’étude des candidats aux concours du CAPES et de l’agrégation d’histoire pour l’année 2005-2006 a comme intitulé : Révoltes et révolutions en Amérique et en Europe (Russie incluse) entre 1772 et 1802. Pour s’initier à ce vaste programme, Benoist Pierre livre un recueil de documents dont la composition est fort habile.

Les grands textes fondamentaux, que nul n’est censé ignorer (mais que l’on lit rarement), sont bien présents : déclaration d’indépendance américaine de 1776, traité de Paris de 1783, extraits du Qu’est-ce que le Tiers Etat ? de Sieyès de 1789, déclaration des droits de l’homme d’août 1789, Constitution civile du clergé de 1790, déclaration des droits de 1793. Chaque document est précédé d’une remise en contexte et d’une analyse, et suivi d’une bibliographie fournie.

À ces «textes de base», l’auteur ajoute les grandes proclamations des régimes successifs et les témoignages de grands acteurs, Thomas Paine, Benjamin Franklin, Alexandre de Humboldt, Toussaint Louverture, Barnave, Louis XVI, Robespierre, Babeuf, Fouché, Kosciusko, Vincenzo Cuoco, tirés de leurs écrits de l’époque ou de souvenirs postérieurs. Par ailleurs, le souci de convoquer à la barre les témoins de la «grande histoire» n’occulte pas les sources au statut plus modeste : articles de presse, cahiers de doléance, correspondances administratives ou privées.

Conformément à l’esprit de la question au programme – qui veut encourager le goût jusqu’ici peu répandu en France pour l’histoire comparée – le choix de textes privilégie le mode des «regards croisés». L’indépendance des Etats-Unis est vue depuis le Canada, les Britanniques légifèrent sur l’esclavage à la Martinique, un planteur de Saint-Domingue écrit sur l’Irlande, un Anglais témoigne de la révolte de Pougatchev, etc.

L’ensemble forme donc un recueil passionnant, dont il faut espérer qu’au-delà des nécessités du concours, il donnera aux candidats historiens le goût du document, ce «goût de l’archive» qui est une bonne part du goût de la recherche.

Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 07/07/2005 )
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