Histoire & Sciences sociales
Période Contemporaine de Vincent Petit
Cerf - Histoire religieuse de la France 2011 / 44 €- 288.2 ffr. / 708 pages
ISBN : 978-2-204-09395-8
FORMAT : 14,5cm x 23,8cm
''Mouvement vers Rome''
Les éditions du Cerf ont dernièrement publié l’ouvrage Catholiques et Comtois de l’historien Vincent Petit. L’auteur connait bien son sujet : après avoir étudié aux universités de Besançon et de Göttingen, Vincent Petit a été reçu au concours d’agrégation et est devenu docteur en histoire. Dans cet ouvrage, ce spécialiste d’histoire religieuse et culturelle se penche sur les rapports entre la liturgie diocésaine et l’identité catholique de Franche-Comté au XIXe siècle.
Ce travail est né d’une interrogation, à savoir : «comment un diocèse fervent, rattaché tardivement au royaume de France (traité de Nimègue, 1678), où le gallicanisme et plus encore le jansénisme ont été des articles d’importation, est-il l’avant-dernier à se rallier à l’unité liturgique autour du rite romain en 1874 ?». Il s’agit donc essentiellement d’une «étude de cas» dans le cadre de laquelle la liturgie est comprise comme «l’interface entre un sentiment d’appartenance régionale et une ecclésiologie intransigeante et unitaire».
Alors que la liturgie diocésaine était vouée à se rapprocher du modèle parisien, et ce de la même façon que la région se fondait dans le royaume, la Révolution française bouleversa cette tendance. Pis, elle contribua à donner un surcroît de vigueur insoupçonnée aux habitudes locales, fondée sur un ultramontanisme militant. S’opposant au gallicanisme, l’ultramontanisme peut se définir comme une orientation favorable à la primauté, spirituelle et juridictionnelle, du pape.
C’est à partir de 1830 que se développa cette vive aspiration à l’unité liturgique autour de Rome, mais c’est dans les années 1840 que la question devint véritablement brûlante. En 1854, la controverse enfla à tel point que ce «mouvement vers Rome» s’immisça dans l’espace public. Outre les nombreux articles de presse, une vingtaine de brochures furent publiées par tout un «quarteron» de prêtres. Il s’agissait alors de brocarder l’attitude attentiste et fébrile de l’archevêque.
Cette querelle fut l’un des atours de la «romanisation» du catholicisme hexagonal. Cette âpre dispute ne fut pas exclusivement cléricale, mais aussi publique et savante. La controverse liturgique conduisit à une sorte de reformulation des rapports entre les diocèses, les églises nationales et le Vatican.
Avec force détails, c’est la naissance de l’identité catholique comtoise dans la France post-révolutionnaire qu’interroge l’auteur du présent ouvrage.
Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 14/02/2012 )
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