L'actualité du livre
Essais & documentset Politique  

Le Cabinet des douze - Regards sur des tableaux qui font la France
de Laurent Fabius
Gallimard - Témoins de l'art 2010 /  22.50 €- 147.38  ffr. / 217 pages
ISBN : 978-2-07-013039-9
FORMAT : 15,6cm x 22,5cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.

''les tableaux, les dessins, les sculptures''

Laurent Fabius est un poids lourd du monde politique hexagonal, que l'on savait déjà fin lettré (il est ancien élève de l'Ecole normale supérieure et agrégé en lettres, rien de moins) et sportif (tout le monde se rappelle son passage au jeu télévisé «La tête et les jambes», où il avait montré son talent pour l’équitation). Cette fois, l'ancien Premier ministre s'est fait esthète ! En amateur d'art, L. Fabius s'est dernièrement penché sur ce qu'il considère être la quintessence du patrimoine artistique français.

Dans son ouvrage Le Cabinet des douze, L. Fabius nous apprend que sa passion pour la peinture n'est pas chose nouvelle, loin s'en faut, mais qu'elle est longtemps restée latente, si bien qu'il a «mis des années à en prendre compte». Alors que tout dans le milieu social dont il est issu le prédestinait à s'y intéresser, L. Fabius confie dans son ouvrage qu'il fut d'abord «un fieffé mécréant en art». En effet, les arts plastiques suscitaient chez lui un véritable «blocage». Finalement, la situation s'est notablement décantée au point de s'inverser totalement. L'élu normand se dit, désormais, profondément passionné par «les tableaux, les dessins, les sculptures» (p.7).

L'objet de ce livre est de présenter quelques douze œuvres artistiques, «qui ont contribué et contribuent à faire la France», i.e. à façonner «l'imaginaire de notre pays, à fournir à notre collectivité des images qui l'expriment et constituent autant de jalons de notre histoire». «Les arts, écrit l'auteur, jouent un rôle que n'épuise pas la littérature. Ils montrent (…) le réel et l'idéal d'une nation, sa violence et/ou son harmonie, ses thèmes dominants ou cachés, ses grands personnages ou ses citoyens anonymes, parfois tout cela à la fois» (p.8).

Au fil des pages, L. Fabius évoque des œuvres mettant particulièrement en valeur le peuple, l'impertinence, la France parlementaire, la France des villes, les cathédrales, la guerre, etc. Toile après toile, l'auteur égrène des commentaires souvent intéressants. S'agissant des cathédrales, l'ancien Premier ministre a sélectionné plusieurs représentations de Notre Dame de Rouen, que l'on doit notamment à Turner et Monet, dont L. Fabius vante l'audace intellectuelle et le renversement d'approche. En effet, la lumière et les couleurs ont fini par supplanter l'objet. Ce qui importe, c'est désormais le regard du sujet.

Dans l'ensemble, l'ouvrage est fort intéressant, même s'il y a matière à s'interroger sur la présence de Tintin et des affiches électorales des trois derniers présidents de la République. Aux côtés des œuvres de peintres comme Ingres ou David, ces affiches ne laissent pas de surprendre... On peut, d'autre part, regretter l'absence de développements plus poussés sur le Centre Georges Pompidou, institution culturelle originale, dont la vocation est de diffuser la création moderne et contemporaine et où les arts plastiques voisinent avec le théâtre, la musique, le cinéma, les livres, les activités de parole...

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 08/12/2010 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)