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Mademoiselle
de Pauline Delassus
Grasset 2016 /  16 €- 104.8  ffr. / 160 pages
ISBN : 978-2-246-86017-4
FORMAT : 13,0 cm × 20,5 cm

Julie & François

Que peut-on écrire sur Julie Gayet ? Et surtout, faut-il écrire quelque chose sur la petite amie du président de la République ? Doit-on considérer que cette affaire sentimentale relève de la vie publique du premier magistrat de la République, ou bien qu’elle s’inscrit dans le domaine privé ? C’est la question que pose ce court texte, entre essai en sympathie et reportage un peu délayé.

On découvre donc «Julie» à la manière des albums de Martine : Julie dans sa famille, Julie lycéenne dans les quartiers chics de la capitale, Julie apprentie actrice et jolie bohême, Julie militante PS et encadrée par la fine fleur du Parti, Julie groupie de «François» dans l’ombre de Valérie Trierweiler, Julie et ses modèles (2 pages de liste), Julie et ses copains branchés, Julie et sa «génération du Bataclan» (p.104), Julie productrice entreprenante et ambitieuse… Petite excursion au sein de la gauche caviar.

Alors certes, la ci-devant Julie est actrice et jouit d’une petite renommée que son histoire avec François Hollande renforce. Et Pauline Delassus, journaliste qui avoue gentiment partager les mêmes origines sociales que son sujet, s’interroge sur le rôle de «Julie» à l’Elysée, sur les rapports entre «Julie» et «François», sur la tension entre le domaine privé et la vie publique, sur cette célébrité singulière et pas forcément assumée.

A la lecture, on parcourt un carnet d’adresses densément rempli par tout ce que les médias comptent de bobos chics. Le style est professionnel, journalistique, efficace, avec ce ton de confidence qui vous invite dans l’intimité des grands. Certes, on note quelques sentences oubliables - «Julie Gayet est une première dame aux allures de grande sœur» (p.105) - et une ironie douce qui gagnerait parfois à être un peu mordante.

«Enquête intime et littéraire», selon la quatrième de couverture, cette Mademoiselle manque de consistance et ressemble plus à un éloge de commande, gentiment critique et bien dans le ton de Paris Match (où l’auteur exerce comme journaliste) qu’à une réflexion un peu fine sur l’entre-soi (qui affleure pourtant par endroit, comme un prurit existentiel).

Un petit livre bien normé pour raconter les amours d’un président normal.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 06/06/2016 )
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