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Music is my mistress
de Duke Ellington
Slatkine & Cie 2016 /  25 €- 163.75  ffr. / 590 pages
ISBN : 978-2-88944-007-8
FORMAT : 15,5 cm × 23,0 cm

Clément Bosqué, Françoise Jackson, Christian Bonnet (Traducteurs)

Claude Carrière (Préfacier)


The Great Duke

Le grand Ellington explique comment on le surnomma Duke : «C’est à peu près à la même époque, juste avant d’entrer au lycée et avant de muer, qu’on m’a donné ce surnom, Duke. J’avais un pot, Edgar McEntree (il préférait accentuer en «en»), un gars raffiné qui aimait se saper. Il venait d’un milieu plutôt favorisé et c’était un gars à l’aise, assez populaire, qui faisait des fêtes et ce genre de truc. Je crois qu’il se disait que pour je sois digne de le fréquenter assidûment, il fallait que j’aie un titre de noblesse. D’où le surnom, Duke» (p.41).

Edward Kennedy Ellington (1899-1974) deviendra Duke Ellington, The Great Duke Ellington même, célèbre pianiste, compositeur et chef d’orchestre de jazz. Avec celui de Count Basie, son orchestre est l’un des plus prestigieux, employant les plus grands musiciens dont certains sont restés pendant des dizaines d’années dans sa formation. Nombre de ses morceaux sont restés des standards (''Concerto for Cootie'', ''Caravan'', ''The Mooche''). Bref, une légende, un ''monstre sacré'' qui composa toute sa vie, y compris des musiques de films, écrivant des morceaux spécifiques pour certains de ses musiciens en prenant en compte leurs spécificités.

Cette autobiographie nous fait parcourir cette vie hallucinante avec, bien sûr, le passage au Cotton Club, dont Francis Ford Coppola a retracé l’histoire dans un film. Un film qu'il faut revoir pour se rendre compte de toute cette époque. Les longues tournées dans les plus grandes villes, les petits concerts entre amis, de belles femmes, une vie luxueuse, surtout pour sa qualité. Pour ses quarante ans, Duke parcourt l'Europe, rencontre Django Reinhardt. Rex Stewart et Barney Bigard enregistrent quelques disques dans les studios swing supervisés par Hugues Panassié.

Parfois, des notations nous rappellent à des choses moins connues, notamment celle-ci : «Beaucoup de gens comparaient le bop, par certains de ses aspects, à la musique moderne européenne. Les Européens qui sont allés en Afrique, en sont revenus avec l’art «moderne». Qu’y-a-t-il de plus africain qu’un Picasso ? Et ce que faisaient les musiciens bop était analogue à l’art africain, sinon à la musique africaine» (p.131).

Duke Ellington ne se répand pas sur des aspects plus sombres de sa vie. Il célèbre avant tout les côtés positifs et on peut lui en faire le reproche. Il a la main généreuse. Cette autobiographie rend hommage à un nombre incroyable de musiciens sous forme de petits portraits. Il serait fastidieux de les nommer tous : Sidney Bechet, Fletcher Henderson, Sonny Greer, Jerry Rhea, Willie « The Lion » Smith, James P. Johnson, Don Redman, Count Basie, Chick Webb, Cottie Williams, Ella Fitzgerald, Orson Welles, Frank Sinatra, Charles Mingus, Colemans Hawkins et beaucoup d'autres ainsi que des personnalités moins connues. C’est souvent élogieux, peu critique ; on reste estomaqué par le nombre de musiciens ou de personnalités qu’il a croisés.

Certes, tout n’est pas objectif et Duke Ellington ne brille pas par un style flamboyant. Il décrit son époque. Mais quelle époque !

Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 01/07/2016 )
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