L'actualité du livre
  

Chirac le Gaulois
de Denis Tillinac
La Table Ronde - La petite vermillon 2002 /  13.60 €- 89.08  ffr. / 158 pages
ISBN : 2-7103-2459-8

Chirac le gaulois

Denis Tillinac est décidément un écrivain atypique : à l’heure où nombre d’ouvrages qui paraissent sur Jacques Chirac sont largement irrévérencieux, il nous offre un portrait qui se veut flatteur du chef de l’Etat. Il n’en entend pas moins garder son originalité d’écrivain qui ne fait que flirter occasionnellement avec la politique et, partant, une certaine liberté de ton.

Ouvrage difficile à résumer au demeurant : ce Chirac le Gaulois constitue plutôt une succession désordonnée de pensées, réflexions et digressions sur le monde, les idéologies, la vie politique française et, au passage, sur quelques-uns des hommes et des femmes qui animent ce théâtre depuis une trentaine d’années.

Tillinac n’aime pas l’époque dans laquelle il vit, morne civilisation, traversée paradoxalement par des querelles idéologiques qui ne devraient plus avoir cours. Il en fait d’ailleurs grief au politique, surtout à cette gauche française accusée de maintenir des carcans idéologiques périmés pour diaboliser à dessein la droite. Eternelle, et artificielle juge-t-il, querelle du Bien et du Mal, qui pollue la vie politique française et cache les véritables entreprises à mener. Les enjeux sont désormais ailleurs : sur le terrain de la Francophonie par exemple, dont Tillinac nous dresse un état des lieux et des perspectives dans un chapitre assez convaincant. Dans d’autres chapitres, on regrette que les propos de Tillinac, trop atypique et trop libre pour y croire vraiment, sortent droit du bureau élyséen, parfois maladroitement condensés.

Car c’est bien l’objet principal de cet ouvrage : réhabiliter le chef de l’Etat. Un Jacques Chirac humain, sensible, cultivé (cette fameuse connaissance des arts « premiers », dont on finit par croire que le rappel quasi-obsessionnel doit signifier pour Tillinac l’humanité profonde du président de la République) ; un Jacques Chirac qui, seul, est à même de prendre le véritable pouls de la société, dépourvu d’œillères idéologiques qu’il est. Ce qui est d’ailleurs stupéfiant : Tillinac décrit dans son ouvrage un Jacques Chirac spectateur lucide et désabusé d’un monde en déshérence, mais un spectateur qui ne veut ou ne peut en modifier les tenants et aboutissants.

Alexis Vialle
( Mis en ligne le 15/03/2002 )
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