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Profession reporter de Raymond Depardon Arte Vidéo 2013 / 15.32 € - 100.32 ffr. Classification : Tous publics Sortie Cinéma, Pays : France Sortie DVD : Novembre 2013 Version : 18 DVD-9, Zone 2 Format vidéo : PAL Format image : Couleurs Format audio : Français 2.0 Sous-titres : Anglais ; Français pour sourds et malentendants Contient : San Clemente Reporters Faits divers Urgences 1974, une partie de campagne Délits flagrants 10e Chambre, instants d’audience Muriel Leferle Paroles d’appelées, Sida propos Paris Numéros zéro, naissance d’un journal Empty Quarter La Captive du désert Afriques : comment ça va avec la douleur? Un homme sans l’Occident Profils paysans - 1 - L’approche Profils paysans - 2 - Le quotidien Profils paysans - 3 - La vie moderne Journal de France Ian Palach Contact «Raymond Depardon» Carthegena 10 minutes de silence pour John Lennon New York, N.Y. Les révolutionnaires du Chad Les années déclic Quoi de neuf au Garet ? Amour La France de Raymond Depardon Bonus : - Livret filmographique de la carrière de Depardon, avec textes et photos inédites - Entretiens - Commentaires - Documentaires C'est un coffret très complet que propose Arte puisqu'il contient 29 des 45 films de Raymond Depardon, parmi lesquels ses 19 longs-métrages. On y trouvera ainsi la totalité des films qui ont fait sa renommée, comme Reporters, Faits divers ou Délits flagrants. Il faut préciser qu'il n'est ici question que de l'oeuvre cinématographique de Depardon qui est d'abord, au moins chronologiquement, un photographe. Il ne commence le cinéma qu'en 1969 avec Ian Palach, court-métrage d'une dizaine de minutes tourné en Tchécoslovaquie. Depardon a alors 27 ans et travaille depuis dix ans comme reporter-photo. En voyant ou en revoyant tous ces films, nous saute aux yeux la forte unité du travail de Depardon autour de thèmes récurrents : la France invisible (au tribunal, à l'hôpital, face à la police, face à l'abandon,...), la presse, le pouvoir et leurs liens, et enfin l'Afrique. Il faut rappeler que si Depardon est surtout connu pour ses documentaires, il est aussi l'auteur de quelques films de fiction (notamment, en 1990, La Captive du désert avec Sandrine Bonnaire) et de quelques essais en forme de courts-métrages. Dans les documentaires, ce qui frappe immédiatement, c'est une certaine façon de filmer les gens, brute, sans artifice, en privilégiant si nécessaire l'authenticité du témoignage, dût la qualité technique (son, lumière, netteté de l'image, etc...) en pâtir. Mais ce qui ressort ensuite, c'est le génie de Depardon pour faire en sorte que ceux qu'il filme lui accordent le privilège de l'oublier complètement. Il y a fort à parier que cette confiance qui lui est accordée, Depardon la doive au regard très humain qu'il porte sur des gens à la rencontre desquels il a choisi d'aller. En explorant les grandeurs et les petitesses humaines, Depardon fait preuve d'une fraternité chaleureuse qui lui permet, tout en conservant une certaine distance critique avec son sujet, de témoigner fidèlement dans les circonstances les plus difficiles. A cet égard, ses films sur les campagnes françaises par exemple (La Vie moderne pour citer un titre) sont poignants. Un film rare, au destin singulier, retient spécialement l'attention : 1974, une partie de campagne, le film de la première campagne présidentielle de V. Giscard d'Estaing. Il s'agit d'une commande du futur président de la République qui veut garder une trace de sa conquête du pouvoir : Depardon accepte la commande et est alors considéré comme giscardien. Après son élection, l'ancien candidat demande à voir le résultat et ne s'en satisfait pas. Il bloque la sortie du film durant 25 ans, y compris pour des projections intimes, par exemple lorsque le ciné-club de l'Ecole polytechnique (Giscard d'Estaing en est ancien élève) lui demandera une autorisation spéciale de le projeter au début des années 90. Résultat : Depardon devient un symbole de l'opposition ! Est-il si compliqué d'imaginer que Depardon a toujours saisi les occasions de témoigner sur l'humain, surtout lorsqu'elles sont exceptionnelles ? Un autre film très peu visible, le documentaire sur Françoise Claustre, Les Révolutionnaires du Tchad, a retenu notre attention pour ce qu'il démontre des qualités de Depardon en cinéma direct : un journalisme factuel et courageux, sachant saisir toute l'humanité d'une femme qui restera captive durant trois ans. La fiction qui a été recréée quinze ans plus tard, La Captive du désert, avec Sandrine Bonnaire, décevra ceux qui espéraient que le contexte désertique serait l'occasion d'une saga romantique de type hollywoodien. On est loin de Lawrence d'Arabie ! Si le film s'adresse bien aux amoureux d'aventure et de grands espaces africains, il est en fait aussi une sorte de documentaire bis illustrant la vie des nomades. C'est un film lent, cadré, répétitif, peu monté et tourné essentiellement en plans fixes qui illustrent bien le temps qui passe, le silence, la chaleur et l'ennui. Depardon n'est pas metteur en scène, il est photographe et il fait des films de photographe. Un autre de ses films de fiction, Paris, à l'argument également très ténu (un homme cherche une jeune parisienne pour réaliser un documentaire sur elle), est encore un pari risqué. Il est complètement réussi dans une économie de moyen impressionnante. S'il s'agit là encore d'un film de photographe, en noir et blanc, s'y ajoute une réflexion sur ce que c'est qu'un sujet. Le résultat est beau et profond. Tout Depardon. Alexandre Pavin ( Mis en ligne le 14/03/2014 ) |
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