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Chien fou
Emmanuel Dongala   Johnny mad dog
Serpent à plumes 2008 /  17 € - 111.35 ffr. / 360 pages
ISBN : 978-2-268-06730-8
FORMAT : 13cm x 20,5cm
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RDC, République Démocratique du Congo, un pays africain médiatisé, encore actuellement pour ses guerres civiles et tribales horrifiantes. De puissantes multinationales y puisent aussi et abondamment des diamants et autres minerais essentiels à l’équilibre des sociétés dites développées et civilisées. Qui est responsable de ces sanglantes rébellions ? Les vieilles querelles tribales ? Les hommes politiques corrompus ? L’exploitation des richesses par les pays du nord ? Le roman d’Emmanuel Dongala ne propose ici aucune réponse. Le sujet n’est pas de savoir mais de revendiquer les conséquences affreuses de ce conflit qui semble ne jamais trouver d’issue.

Johnny 15 ans. Ses amis de guerre ne sont guère plus âgés. Ils sont enfants/adolescents soldats, nés «dogo-mayi», et sont là pour tuer du «mayi-dongo». Pourtant, avant le coup d’état organisé par les rebelles, les deux tribus vivaient, dans la capitale, en relative harmonie. Mais le président d’origine «mayi-dongo» vient de perdre le pouvoir face à la rébellion militaire «dogo-mayi». La déstabilisation provoque pillages, tueries, viols, humiliations afin que le pays accède, enfin, à la démocratie. C’est en tout cas ce que croit Johnny. Du haut de ses 15 ans, on l’imagine beau, complexé et plein de rêves. Armé de kalachnikov, il est nommé chef de groupes. Pour l’occasion, il s’attribue le surnom de Johnny Chien Méchant, comme un symbole indispensable pour croire en sa puissance de destruction. D’ailleurs, dans des moments de faiblesse et de doutes, ne se répète-t-il pas sans cesse son nom de guerre ?

Laokolé, jeune fille de 15 ans, née «mayi-dongo» après avoir écouté la radio, sait qu’elle doit fuir leur maison avec sa mère et son jeune frère. A l’aube sont annoncés des pillages. Elle ne comprend pas la guerre car, comme elle le dit, tout le monde vit dans la misère. Et de réveiller en urgence Fofo, âgé de 8 ans, pour qu’il l’aide à creuser un trou dans le jardin afin de cacher toutes les choses importantes, des photos, des souvenirs… Être le plus léger possible dans la débâcle est un gage de survie.

Emmanuel Dongala introduit les lecteurs aux monstruosités de cette guerre en RDC, à travers Johnny Chien Méchant et Laokolé. Sa plume donne la parole à l’un et l’autre ; il pénètre ainsi la construction psychique de chacun des deux adolescents. Car, si l’horreur, insupportable, règne en maîtresse dans ce roman, Johnny et Laokolé ne sont que des adolescents, êtres en pleine construction et remplis d’espoirs... et d’humanité. Il est difficile voire impossible de prendre parti même s’il serait aisé de détester Johnny Chien Méchant. Tortionnaire, pilleur, tueur, violeur, il n’en reste pas moins un jeune garçon manipulé. Malgré son ambivalence et sa violence juvéniles, il est fasciné par les intellectuels et les livres.

Il se sent puissant avec ses armes qui impressionnent l’ennemi. Avec sa kalachnikov au bout des mains, les yeux de l’ennemi expriment la peur qui engendre sa folie destructrice. Voilà une folie possible quand l'avenir est réduit au néant. Tout comme celui de Laokolé. Mais, cette dernière fait partie de la tribu à exterminer. Dans son exode épuisant, elle aussi a des rêves, plus précisément, des aspirations scientifiques. L’un et l’autre s’accrochent à leurs espoirs. L’un en tuant, l’autre en fuyant. Ces deux enfants vivent les mêmes situations selon des points de vus opposés. Aucun ne trouvera la reconnaissance et le salut salvateur. Johnny s’apercevra rapidement qu’il n’est qu’un objet de guerre quand Laokolé souffrira de l’indifférence des ambassades et autres instances gouvernementales et internationales.

Le romancier réussit un témoignage fictif d’une intensité et d’une réalité impressionnantes. Le lecteur, aux bords des larmes, larmes de rage et d’impuissance, ne pourra que saluer ce roman dans la triste actualité de la RDC en cette fin d’année. Mais ici, la narration est bien plus puissante que des images. Les nombreuses situations vécues par Johnny et Laokolé semblent d’une froideur si réaliste que leurs vies, intolérables, restent longtemps à l’esprit, comme un souvenir désagréable mais essentiel.


Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 28/11/2008 )
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