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Chinese spleen
Mian Mian   Panda sex
Au Diable Vauvert 2009 /  15 € - 98.25 ffr. / 183 pages
ISBN : 978-2-84626-177-7
FORMAT : 13cm x 20cm

Traduction de Sylvie Gentil.

L’auteur du compte rendu : Ancien élève de l’École Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines de Lyon, agrégé de Lettres Modernes, Fabien Gris est actuellement moniteur à l’Université de Saint Etienne. Il prépare une thèse, sous la direction de Jean-Bernard Vray, sur les modalités de présences du cinéma dans le roman français contemporain.

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Le deuxième roman de Mian Mian, après Les Bonbons chinois (2001), décrit et scrute à nouveau quelques figures de la jeunesse shanghaienne. Ils sont une poignée, Mei Mei, Jie Jie, K., ABC…, dont on suit les errances nocturnes, entre fêtes arrosées et trajets au ralenti en voiture, au milieu des buildings de la métropole chinoise. Il y est question avant tout de relations amoureuses, heureuses ou non, difficiles, inachevées ; il y est question de sexe et de ce qu’il signifie au sein d’un couple, de sa définition – possible ou non - comme prolongement du sentiment amoureux. Il y est question, enfin, de mal-être, d’hésitations, de frôlements, de mélancolie. Une jeunesse chinoise qui connaît le confort et l’opulence matérielle, mais qui se cherche encore dans son rapport au monde et aux autres.

Le récit, ponctué par deux morts successives, est minimal. Mian Mian semble davantage intéressée par une structure éclatée, faite de scènes dialoguées qui n’obéissent pas forcément à la chronologie. La romancière choisit un modèle scénaristique : les passages narratifs ou descriptifs sont réduits à l’essentiel, ramenés à une littéralité presque «didascalique» (il s’agit surtout de bâtir une ambiance, une atmosphère) ; la grande majorité du livre réside dans les dialogues des personnages, notés comme dans un scénario ou une pièce de théâtre, avec le nom du personnage-locuteur suivi de sa «réplique». La forme, laconique, sert bien évidemment le propos et les situations : il s’agit de peindre la mélancolie et la déréliction de cette jeunesse chinoise, en pleine interrogation sur elle-même (le personnage de l’«acteur», qui filme obsessionnellement tout avec sa petite caméra numérique, semble ainsi être à l’affût de quelque chose qu’il ignore et qui ne vient pas).

Le monde décrit par Mian Mian est à la fois évanescent et profondément tragique. Le lecteur occidental, peu habitué à la littérature chinoise en général et au portrait de cette jeunesse en particulier, trouvera davantage des points de comparaison dans le cinéma asiatique : Wong Kar Wai, ou plus certainement encore le Hou Hsiao Hsien de Millenium Mambo. Mais, le pari apparaît plus risqué à l’écrit qu’à l’écran : le dénuement de ce ballet quasi fantomatique nous semble parfois tourner à vide. Le dialogue, finalement proliférant et presque incessant, perd paradoxalement de son intensité : le lecteur a alors l’impression d’assister à une interminable conversation, affectée et vaine, sur l’Amour et le sexe, si indicibles qu’on n’arrête pas d’en parler et de tourner autour. La dimension charnelle du sujet en pâtit : les sentiments se muent en notions. L’errance urbaine est ainsi délaissée pour l’errance dialogale.

On en vient à regretter que les passages narrato-descriptifs soient si peu développés : c’est au cours de ces derniers, lorsque le bavardage «néo-durassien» cesse, que se situent les évocations les plus fortes et les plus belles trouvailles poétiques : «Kenny prend sa caméra 8 mm et filme lentement les tables, la caméra tourne avec un petit ronflement. Les pellicules devant être commandées en Russie, il filme toujours à vide».


Fabien Gris
( Mis en ligne le 23/03/2009 )
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