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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Olivier Sebban Le Jour de votre nom
Seuil - Cadre rouge 2009 / 21,5 € - 140.83 ffr. / 432 pages
ISBN : 978-2020999632
FORMAT : 14cm x 20cm
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L'histoire d'Álvaro Díaz se déroule en trois étapes. Lorsque s'ouvre le roman, le héros participe à l'exil éperdu des républicains espagnols, au cours de l'hiver 1939, après la victoire du parti franquiste : il fuit l'Espagne et le piège que lui a tendu son beau-père, en laissant derrière lui ses deux fils ainsi qu'une épouse qui le rejette et qu'il n'aime plus. Épuisé, mourant de faim, Álvaro est obsédé par le souvenir des persécutions subies par son père, un père dont il a appris, un an auparavant, par un carnet que lui a envoyé sa sur, qu'il lui avait transmis un faux nom, celui de Díaz, après s'être lui-même exilé de Tanger.
Dans la seconde partie, nous sommes en 1940 : Álvaro a été interné dans le camp de concentration de Gurs. L'exilé est condamné à enterrer les autres, des inconnus, alors qu'il ne peut même pas donner de tombeau à son père, tombé sous les balles fascistes. Il y retrouve son ami Paco, qui lui apprend comment il a été trahi et comment son fils Victor a été tué peu après son départ. Enfin, après leur évasion du camp, Álvaro, Paco et un troisième camarade entreront en résistance dans la région de Toulouse. Puis viendra la déportation, en avril 1944.
La chronologie suit en réalité un parcours non tout à fait linéaire : le récit de l'errance d'Álvaro est scandé par la révélation de l'histoire de son père et par l'annonce de sa déportation. Chaque chapitre des différentes parties porte une date, à la manière d'un journal. Mais ce qui domine l'ensemble du roman, c'est la mélancolie qui habite Álvaro : traînant son désespoir et le souvenir des souffrances vécues au travers d'une Europe dévastée, l'exilé, empreint de nostalgie, est un Ulysse apatride, qui n'a plus de terre vers laquelle s'en retourner. L'intertexte épique investit d'ailleurs l'intégralité du texte, à travers le destin tragique du héros. Mais le combat mené est dépourvu de but comme de sens : Álvaro se trouve engagé dans le parti des républicains comme dans celui des résistants presque malgré lui, horrifié par les actes qu'il est parfois amené à commettre.
L'Histoire avec un h majuscule se trouve reléguée à l'arrière-plan : prédomine le parcours chaotique d'un être auquel il ne reste plus rien, pas même son identité, qu'il recherche vainement. Culpabilité et conflits intimes déterminent la participation du personnage, comme son père avant lui, aux grands événements historiques. Le récit est dominé par les souffrances physiques du héros, pourchassé pour des origines qu'il découvre à peine, ballotté par un fatum digne des tragédies antiques.
Cette relecture amère d'une des décennies les plus douloureuses de l'histoire du XXe siècle est captivante par le point de vue intime, restreint au parcours de quelques individus, qu'elle adopte. On peut toutefois regretter que la structure narrative du récit ne soit pas à la hauteur du contenu : l'écriture peine à donner de l'ampleur à l'ensemble et le roman penche dangereusement vers la saga romanesque conventionnelle. Quelques tics, au niveau des effets de style, alourdissent le récit (notamment le retour systématique des phrases nominales). La poésie de cette méditation mélancolique sur le destin du personnage en sort malheureusement affaiblie.
Françoise Poulet
( Mis en ligne le 26/08/2009 )
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