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Vie dite, vie tue
Aharon Appelfeld   Et la fureur ne s'est pas encore tue
L'Olivier 2009 /  20 € - 131 ffr. / 269 pages
ISBN : 978-2-87929-667-8
FORMAT : 14cm x 20,5cm

Traduction de Valérie Zenatti
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Il y a dans la peinture de cet itinéraire intime quelque chose qui échappe à l'intime, comme un trou noir de souffrance où les mots se perdraient ; les couleurs des sentiments glissent sur ce lavis en camaïeu de noirs : «Nous étions au coeur d'un secret opaque et insaisissable» (p.62). Raconter l'expérience du ghetto puis celle des camps relève de cette impossibilité, confesse le narrateur, et l'écrivain marionnettiste dans son ombre. «Écrire, c'est fouiller une blessure et dévoiler une partie intime de l'âme. Je considérais les gens qui y parvenaient avec étonnement. (…) Il faut croire que, pour certains, l'écriture est aussi vitale que le pain, et pas une torture» (p.232).

Une torture ici, portée par une plume muette, une encre invisible d'où ne fleurit aucune émotion. Raconter cette histoire est un long et pénible abattement, et la peine est partagée par le lecteur, qui s'agrippe aux mots et à leur sècheresse, pris d'un vertige, soumis lui-même à cette béance. Parler des camps est cette aporie : échec d'en parler si l'on verse dans la pathétique ; difficulté à en suggérer l'horreur si le plume ne crache que des mots de poudre, vides de larmes.

Aharon Appelfeld porte cette aridité. Son style s'en ressent. Cette biographie d'un juif rescapé des camps, enfant très jeune amputé d'une main, un moignon qu'il investit de pouvoirs magiques, qui lui parle, qu'il écoute, ce récit d'une vie à la jeunesse sacrifiée, tourne comme à vide. Est-ce un fantôme qui nous parle ?... Un ton monocorde, un trait de plume en cardiogramme plat. La vie d'un spectre, qui renaît certes, orphelin, des camps de la mort, qui prospère même en agent immobilier, mais que ses racines et ses lares ont abandonné. D'où cette relation absente avec son fils, d'où la fadeur du ''retour'' à Israël chez quelqu'un qui n'y avait jamais vécu, d'où une identité juive toujours ressentie comme on regarderait un négatif, en noir et ocre, une surface où s'animent des spectres à la noirceur terrifiante, aux yeux et chevelures blanchâtres... Une vie sacrifiée, une existence de vivant revenu du monde des morts.

Au final, si la lecture est pénible – car on aimerait rire, pleurer, espérer ou s'abattre -, on comprend que le choix narratif ici revendiqué est sans doute le meilleur. En tout cas, le plus efficace.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 07/12/2009 )
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