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L'homme moderne
Jacques Sternberg   Un jour ouvrable
La Dernière goutte 2009 /  19 € - 124.45 ffr. / 320 pages
ISBN : 978-2953054064
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«Je cherche désespérément à savoir ce que je cherche». Cette phrase résume succinctement le drame du narrateur, Monsieur Habner, une quête stérile de sens pour une existence sans d’autre issue que la mort. Le temps, amoncellement de secondes étouffantes, déroule son tapis cynique, chemin pour tous à sens unique vers le tombeau. Pourquoi s’efforcer de construire sa vie alors que, dès son premier cri, le nourrisson, être en devenir, terminera immanquablement acoquiné aux vers et aux racines ? Existe-t-il un trait d’union un temps soit peu électrisant ou exaltant entre la vie et la mort, ce, tant au niveau individuel que collectif ?

Le facteur temps est la colonne vertébrale du roman de Jacques Sternberg. Ces 300 pages évoquent la journée de Monsieur Habner, une journée qui pourrait aussi bien résumer une vie entière que se réduire à une seconde. Les repères spatio-temporels sont ici bafoués, triturés, charcutés par l’imaginaire décomplexé de l’auteur. Son appartement est aussi tentaculaire qu’un petit état, situé dans une ville dont les frontières sont également lointaines et mystérieuses. Cette journée est à la fois terne, mortellement ennuyeuse et pourtant riche d’une multitude de situations à la fois burlesques, insignifiantes, ahurissantes, et qui, toujours, entretiennent un malaise, un enfermement, la sensation de tourner en rond.

Ce que vit Habner est-il réel, ou est-ce le résultat d’hallucinations semi conscientes ? Ou un amalgame des deux ? Cet homme semble insipide, ennuyeux, lâche, craintif ; ces congénères le voient comme anormal, asocial, inadapté, incapable de travailler, de respecter les innombrables devoirs sociaux et moraux matérialisés par une série ubuesque de bureaux étatiques : Le Centre de Distribution de l’air familial, Le Bureau des Perturbations Officielles, Le Bureau Central des Contrôles Permanents…

De cette confrontation entre le vide sidéral que ressent Habner et l’édifice kafkaïen et paranoïaque de cette société, un univers administratif nébuleux et impénétrable qui rappelle Le Procès, la critique de Jacques Sternberg sur l’absurdité de nos conditions modernes tire une force presque nauséeuse. Car si l’univers du romancier agence savoureusement différents genres, la science-fiction, le surréalisme, le dadaïsme même (certaines scènes sont à mourir de rire), il n’en reste pas moins que la satyre sous-jacente est oppressante, glaçante. L’ironie est sardonique, l’humour est cynique et tout espoir d’amélioration, impossible.

Habner est hagard car il est conscient que le monde qui l’entoure est atrophié. La société tue les rêves et le sens profond de l’existence, et empêche toute possibilité d’individuation. L’individu n’a plus pour seul horizon que la promesse de sa mort ; être en sursis, à l’humanité kidnappée.

La jeune maison d’édition «La Dernière goutte» a eu l’excellente initiative de republier ce texte grinçant.


Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 18/12/2009 )
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