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Toutes les femmes s’appellent Carmen…
David Toscana   Un train pour Tula
Zulma 2010 /  19.50 € - 127.73 ffr. / 282 pages
ISBN : 978-2-84304-522-6
FORMAT : 12,5cm x 18,9cm
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Curieux roman que ce Train pour Tula ; on s’y perd volontiers et souvent avec une certaine délectation… Les rencontres faites au détour des mots y sont pittoresques, pour ne pas dire picaresques. Nous croisons le chemin d’un écrivain raté qui tente d’écrire un improbable roman à partir d’entretiens avec son prétendu arrière grand-père presque grabataire, un prêtre n’hésitant pas à occire un concurrent malheureux, prédicateur imprudent venu investir la paroisse dudit prêtre, un médecin plus porté sur les alcools forts que sur l’application du serment d’Hippocrate, un «maestro» compositeur malheureux de l’hymne national de son pays, une veuve répondant au doux nom d’Esperanza, qui mène son monde à la baguette, et dont le mari est mort dévoré par les fourmis rouges, et une belle héroïne, Carmen, dont le personnage principal, Juan, est éperdument et platoniquement amoureux.

Mais la véritable chair de ce roman se révèle être la ville de Tula, et ses habitants qui se baptisent eux-mêmes «Tultèques», tous truculents et baroques au possible. Tula est un endroit où le moindre événement est vécu soit comme un honneur national (la célébrité du maestro Fuentes), soit comme un affront encore plus national (la construction du chemin de fer qui ignore Tula) ; ici rien ni personne n’est banal, tout est démesuré, les personnes comme les sentiments.

Plus qu’une «mise en abîme» dans le roman, on peut parler ici d’un labyrinthe : Froylan rencontre Juan Capistran, qui dit être son arrière grand-père (on ne connaîtra jamais la vérité sur cet improbable lien de parenté), qui lui raconte sa vie et lui demande de la coucher sur papier ; ce qui devait être une biographie devient un roman dont on ne sait jamais ce qui le sépare vraiment de la véritable histoire de Juan. La rencontre, il y a quelques dizaines d’années, du jeune Juan avec la belle Carmen, dont il tombe instantanément amoureux, se prolonge dans le présent avec Froylan qui lui aussi a des sentiments passionnels pour une inconnue croisée dans la rue et qui se révèle porter le nom de… Carmen. On se promène délicieusement, tout au long des scènes très courtes du roman, entre présent et passé, vérité et fiction, trahison et honneur. Plus que la cohérence du récit, l’essentiel est ici le véritable plaisir de raconter, celui des personnages et celui de l’auteur, plaisir qui se transmet à celui du lecteur transporté dans ce monde à mi-chemin entre épopée picaresque et western spaghetti.

«Il eut l’impression d’entrer dans une autre ville, tant elle avait changé. Mais, au bout de quelques minutes, sa mémoire accorda peu à peu ses souvenirs aux images qu’il avait sous les yeux. De prime abord, les différences pouvaient paraître légères : à peine une clôture peinte d’une autre couleur, l’église avec son nouveau parvis, les pavés et les bancs de granit sur la place, mais encore, bien sûr, toutes ces nouvelles maisons construites à la périphérie de Tula, qui avait grandi. Ce qui se trouvait définitivement modifié au point d’en être méconnaissable, c’étaient les traits de Domenico, devenus sans rapports avec ceux de l’enfant qui avait quitté Tula, de légères cicatrices ayant pris la place des boutons d’acné et une abondante chevelure lui couvrant désormais la nuque et le front. Il était convaincu que même Buenaventura ne pourrait le reconnaître, et cette idée lui plaisait. Il garderait son identité secrète pour conquérir Carmen avec les armes d’un nouveau venu, sachant que les femmes sont particulièrement attirées par les étrangers» (p.193).

David Toscana est né à Monterrey au Mexique en 1961. Après des études au Lycée américain de Monterrey, il fait des études d’ingénieur. Il commence à écrire à vingt-neuf ans et il est aujourd'hui traduit dans de nombreuses langues (anglais, allemand, arabe, grec, portugais, italien et suédois). El último lector (2005 / Zulma, 2009) a été couronné par plusieurs prix. Marqué par l’influence des classiques espagnols et les écrivains latino-américains, David Toscana a publié cinq romans et un recueil de nouvelles.


Michel Pierre
( Mis en ligne le 03/09/2010 )
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