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Quête de sens
David Sandes   Le Pont
Actes Sud 2011 /  18,80 € - 123.14 ffr. / 174 pages
ISBN : 978-2-7427-9653-3
FORMAT : 11,6cm x 21,7cm

Traduction de Arlette Ounanian
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«Un fils doit avoir regardé son père au moins une fois dans sa vie» : première phrase de ce court roman qui se passe en 2003. Paris, Père Lachaise : Romain, le personnage central, assiste en silence à l’enterrement de son père adoptif, Richard Dumaine. Adopté tout bébé par Irina et Richard, qui avaient déjà accueilli Virginie, de quelques années plus âgée, Romain vit une enfance sans heurts ; les choses se détraquent doucement avec la maladie de son père qui se réfugie dans le silence et l’aboulie. Chacun réagit à sa façon, Virginie en fondant sa famille, Irina en se fondant dans l’ombre de sa mère, Babouchka ; Romain, lui, va reprendre les traces de ses parents biologiques. Quête d’identité, de famille, de sens. Un long voyage douloureux et quasi silencieux qui le conduit auprès de sa mère, Julie Maheut, qui ne le «reconnaît» pas mais lui donne quelques indices pour retrouver son père.

Un jeu de piste qui le mène dans une Serbie en guerre, lui fait rencontrer des personnages hauts en couleurs, mi-brigands mi-patriotes, des générations différentes, une atmosphère de mort et de volonté de survivre à tout prix. Un univers dont Romain est loin de posséder toutes les clés. Dans cette société qui obéit à d’autres règles, il progresse à petit pas sur le fragile pont que lui a lancé sa mère : une rencontre à Dusseldorf, un prénom - Boban -, un nom - Milanovic -, une vie partagée entre le travail abrutissant et la musique qu’il joue le soir dans les restaurants, un homme que ne pouvait accepter la famille de Julie, famille d’officiers. Des malentendus constants, mis en relief par une autre partie du roman qui s’insère dans le récit : les lettres (typographie en italique) que Boban envoie à son frère Ptica ; il rappelle le terrible passé de la guerre et de la mort omniprésente, et dit sa foi en l’avenir qui aujourd’hui prend le visage de Julie.

Romain remonte doucement le fil du temps, l’entremêle au présent violent de la Serbie, au lendemain de l’assassinat de son premier ministre Djindjic. Histoire de mort et de vie, de musique. Il arrive enfin au village de tziganes de son père, y renoue des liens ; la jeune réceptionniste de l’hôtel, le premier jour, lui a permis de retrouver son demi frère, mais la bienveillance du destin s’arrête là.

En peu de mots, en un récit assez bref, David Sandes (pianiste de jazz néerlandais qui vit à Paris) en dit beaucoup : sur la Serbie actuelle, sur la guerre, sur le poids du passé fardeau des vivants, sur les liens familiaux, l’identité. Un beau roman.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 18/07/2011 )
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