| Antoine Choplin Le Héron de Guernica Seuil - Points 2015 / 5.90 € - 38.65 ffr. / 158 pages ISBN : 978-2-7578-4332-1 FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm
Première publication an août 2011 (Rouergue - La Brune) Imprimer
Un court roman dAntoine Choplin, qui fait revivre le drame de Guernica, cette ville du pays basque espagnol bombardée pendant la guerre civile par laviation allemande. Guernica, souvenir dun horrible crime de guerre mais aussi lun des très grands tableaux du XXe siècle.
En fait, le roman est centré sur des rencontres ; rencontre paisible : celle du héros Basilio, jeune paysan, qui peut apparaître un peu simple desprit, qui peint inlassablement un héron cendré. Ladolescent et le héron se sont progressivement apprivoisés et, sans trêve ni cesse, Basilio cherche à représenter la vie qui palpite sous limmobilité de loiseau pêcheur. Rencontre chargée dintensité : celle de Basilio et de Célestina. Rencontre essentielle : celle, sans échange, de Basilio et Picasso. Picasso qui a peint, sans lavoir vu, le massacre de Guernica auquel Basilio a, lui, assisté en témoin actif. Ils se retrouvent à Paris au pavillon espagnol de lexposition de 1937, silencieux, à contempler Guernica qui vient dêtre accroché. Deux regards qui convoquent lhorreur, deux points de vue : le témoin oculaire et le créateur. Une même patrie : lEspagne de Goya, qui dressa un réquisitoire impitoyable contre la guerre en gravant les Désastres de la guerre, et surtout en peignant les Dos et Tres de Mayo (1814).
Dans cette histoire tragique, Antoine Choplin mêle plusieurs interrogations : le regard de lartiste-peintre ou photographe - qui sait voir au-delà de la réalité immédiate et la traduire ; la guerre au quotidien qui népargne aucun innocent - pas même le héron -, ne reconnaît aucun asile - pas même léglise -, la nécessité de témoigner.
Chaque personnage est campé avec précision, doté d'une vraie personnalité : le vieux paysan rusé, Julian, pour qui travaille Basilio, loncle Augusto, placé en maison de retraite mais qui déborde de vie, la ravissante Célestina, le curé naïf qui ne peut comprendre les formes nouvelles et impitoyables de la guerre, et cherche à témoigner par la photographie, une photographie réaliste, descriptive, immédiate. Mais la question se pose alors : quelle est limage la plus atroce ? Celle qui rend le mieux compte de lhorreur, de la terreur ? Limage de lavion qui bombarde, de lincendie ? Ou celle, simple, dun bicyclette abandonnée, ou encore celle du héron à laile blessée ?
Antoine Choplin, sans inutiles effets de style, peint de façon sobre lEspagne de la guerre civile, des soldats qui passent, des déserteurs qui fuient la guerre, de la mort qui frappe, aveugle, du destin tragique. Une histoire bien écrite, même si l'on en connaît la trame, si aucune situation en elle-même ne surprend, si la fin est attendue, programmée
Une histoire qui reste, le livre refermé.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 23/02/2015 ) Imprimer
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