| Bertrand Longuespé Le Temps de rêver est bien court Thierry Marchaisse Editions 2012 / 19 € - 124.45 ffr. / 259 pages ISBN : 978-2-36280-015-3 FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm Imprimer
La guerre dAlgérie, si lointaine et si proche, ne cesse dalimenter des querelles sur le pourquoi, le comment, les conséquences sur notre vie actuelle, les évitements qui auraient été souhaitables, le repentir... Nous navons pas fini de décortiquer cet épisode dramatique pour nos deux pays. Cest loption choisie par Bertrand Longuespé, de se placer de tous les côtés, dêtre pour et contre, de faire parler tous les protagonistes, chaque personnage ayant un point de vue différent, bien expliqué, bien ressenti et juste.
Edgar Grion, communiste, appelé comme sous-lieutenant pendant la guerre dAlgérie, fait son métier avec intérêt, découvrant la guerre, lAlgérie et Fanny, la sur dun ami, pour laquelle il éprouve très vite une attirance profonde. Tous les «clans» politiques sentrecroisent et quand le Parti lui demande de donner des informations sur le nombre de destructions, de déplacements de personnes ou de tués, il le fait dans un rapport unique qui ne représente pas grand-chose pour lui mais qui lui vaudra des ennuis sérieux. Pourra-t-il sen sortir ? Restera-t-il en Algérie malgré les «évènements» ? Que deviendra sa relation avec Fanny, sympathisante de lOAS ?
Le livre, bien documenté, est écrit dans le déchirement, celui de la population algérienne et celui des colons, rien nest oublié dans ce dilemme affreux et mortel quont connu bien des gens. La trame politique, véritable fondement de cette situation, est bien sûr évoquée, mais de façon superficielle, laccent étant mis essentiellement sur les rapports humains et les interrogations philosophiques sur le sens de la vie et la nuisance des idéologies. Il est intéressant de noter le parallèle qui est fait entre le départ dAlgérie dans le sang en 1962, et la construction du mur de Berlin à la même époque, dans un remarquable déplacement daveuglement. Le style est agréable, le rythme bien mené et les moments dramatiques intensément décrits, un peu longuement en ce qui concerne les pages de torture, mais cela a donné loccasion à Bertrand Longuespé de développer plus profondément son antipathie, voire son hostilité à légard de larmée.
Dany Venayre ( Mis en ligne le 25/05/2012 ) Imprimer | | |