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Littérature -> Romans & Nouvelles |
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Caustique, pertinent et totalement humain | | | Saphia Azzeddine Combien veux-tu m’épouser ? Grasset 2013 / 17.90 € - 117.25 ffr. / 331 pages ISBN : 978-2-246-80437-6 FORMAT : 13,0 cm × 20,5 cm Imprimer
Enferrée dans le luxe et les codes sociaux dune éducation bourgeoise, une richissime héritière cherche lâme sur et de préférence du côté des Von, Van, Della ou tout autre descendant de lignée aristocratique.
A linstar dUrsula Andress face à Sean Connery dans James Bond contre le Dr. No, notre héritière se retrouve en bikini devant un apollon tout droit sorti des eaux limpides de Fregate Island aux Seychelles (le hasard fait bien les choses). Aussi beaux soient-ils, lintrigue dun tel roman risque fort de nous ennuyer
Erreur ! Saphia Azzeddine connaît tous les codes de ce monde dapparence où le souci du détail est une discipline et lartifice la loi du milieu. Lemploi du «je» place le lecteur sous la façade botoxée de la gentille «bécasse» dans une position audacieusement intime : une scène danthologie de préparatifs amoureux illustre le poids du paraître et des diktats esthétiques. La perfection de soi dans toutes les positions, sentir bon partout et de partout, se cambrer comme ci en lâchant les cheveux comme ça
Bref, à force de vouloir maîtriser la situation et contrôler son corps, la sylphide en oublie daimer. Subrepticement, le vernis se fissure sous les coups de scalpel de lauteure.
Soudain, les personnages qui lentourent interviennent dans le roman. Dans un kaléidoscope social, femme de ménage, amie, famille et lélu croisent leur faiblesse, jalousie, sadisme, amertume ou peur, jusquà déformer la belle image de papier glacé dans un contexte moins lisse quil ny paraît. A vrai dire, il y a même fort à craindre que les intérêts des uns et la revanche des autres ne transforment lhistoire damour à leau de rose en «Guerre des Rose»
Une satire des murs de la haute bourgeoisie qui népargne pas cette «pintade idéaliste» typique des rubriques de la presse people. Le talent de lauteure est de réussir à cerner et à respecter la part dhumanité de cette femme «tuée dans luf, à qui lon a retiré les griffes à la naissance, pour en faire une panthère domestique de compagnie». Cest caustique, pertinent et totalement humain.
Marie-Claude Bernard ( Mis en ligne le 14/06/2013 ) Imprimer
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