L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Romans & Nouvelles  
 

Le voyage pour patrie
Miroslav Penkov   A l’est de l’Ouest
Editions Héloïse d’Ormesson 2013 /  18 € - 117.9 ffr. / 314 pages
ISBN : 978-2-35087-187-5
FORMAT : 14,1 cm × 20,6 cm

Julie Marcot (Traducteur)
Imprimer

«Espèce de sale cochon capitaliste. Fais bon voyage. Affectueusement, ton grand-père». Ce sont ces mots que le grand-père de Sinko lui écrit lorsqu’il part étudier aux États-Unis. Quelques mois plus tard, le jeune homme finit par lui avouer son ennui américain et sa nostalgie des terres bulgares, à lui qui, à la mort de sa femme, «avait perdu tout ce qu’un homme peut perdre : l’élue de son cœur et l’amour de sa vie – le Parti».

A travers huit nouvelles, Miroslav Penkov nourrit l’ambition de raconter huit «histoires d’un entre-deux-mondes», des récits entre l’Est et l’Ouest d’un jeune homme aujourd’hui passé à l’Ouest – l’auteur s’est installé en 2001 aux États-Unis et enseigne à l’Université du Texas du Nord. Loin des lieux communs et des caricatures, s’entremêlent la nostalgie des idéaux auxquels plusieurs générations ont cru, les espoirs que le monde occidental a fait naître et parfois les désillusions de ceux dont les rêves se sont effondrés.

Se succèdent des histoires de famille partagée ou déchirée mais jamais unie, des rencontres, des rêves et des confrontations entre des personnages que l’histoire a coupés en deux, des hommes et des femmes tiraillés entre deux cultures que, malgré leurs efforts, ils ne parviennent ni à lier ni à oublier.

Le village de Pif est ainsi coupé en deux par une rivière, entre la Bulgarie et la Serbie. Il ne rencontre le reste de sa famille sur l’autre rive qu’une fois par an. Il rêve du pantalon jean que sa cousine Vera finit par lui vendre. Le jean est trop grand mais «j’aimais sa façon de flotter autour de ma taille, j’aimais toute cette place, toute cette liberté occidentale qu’il ménageait autour de mes jambes». D’attachement en détachement, il perdra peu à peu les liens qui l’unissaient à cette terre. Véra sera le dernier, celui qui liaient ces mondes et qu’il finira par abandonner pour accéder à cette liberté incarnée quelques années plus tôt par une paire d’Adidas trop vieilles.

D’autres sont si jeunes qu’ils ne font encore que rêver. «Je pense à mon papa, de temps en temps. Et maintenant que j’ai menti, je n’arrive plus à me sortir cette stupide grande roue de la tête. Je vois papa devant la roue avec ses nouveaux gamins et sa nouvelle missiz. Il fait toujours nuit, et la roue est toujours illuminée et elle tourne». Dans l’esprit de la jeune Maria, l’Angleterre est à la fois ce père qu’elle n’a pas connu, le London Eye ainsi que ces hommes et ces femmes qu’elle vole volontiers pour elle-aussi posséder un peu de terre de l’Ouest.

Miroslav Penkov n’est pas dupe de ces rêves. La Tamise dont rêve Maria «sent la pastèque». L’absurdité finit par l’emporter sur les illusions de ses personnages. Depuis les États-Unis, Sinko offre à son grand-père le corps embaumé de Lénine qu’il a acheté sur eBay : «Vous venez d’acheter Lénine. Félicitations, PigeonCommuniste_1944, disait la confirmation…».

A travers ces huit nouvelles, l’auteur dresse le portrait subtil de témoins tiraillés entre désirs, désillusions et désenchantements et que ni la nostalgie du communisme, ni le rêve américain ne sauvent de vies encombrantes et d’épisodes absurdes. On se plaît alors à rêver avec eux, non plus d’autres espaces, mais d’un autre temps : «Je voudrais être comme la rivière qui n’a pas de mémoire (…) et non comme la terre qui ne peut rien oublier».


Grégory Prémon
( Mis en ligne le 01/07/2013 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd