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A travers la baie vitrée
Sébastien Brebel   La Baie vitrée
P.O.L 2013 /  13 € - 85.15 ffr. / 151 pages
ISBN : 978-2-8180-1894-1
FORMAT : 14,0 cm × 19,5 cm
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La Baie vitrée est le titre d’un recueil de quatorze nouvelles de Sébastien Brebel, dressant quatorze portraits de femmes entre 26 et 74 ans. Plus que de portraits, il faudrait ici parler d’évocation de femmes tant il semble difficile de les cerner. L’accumulation de faits, souvent contradictoires, crée plus une ambiance – étrange, sombre voire glauque – que des portraits informatifs. De même, les fréquentes ruptures dans la narration, la temporalité floue de la plupart des nouvelles ou encore les quelques éléments totalement irréalistes qui les parsèment participent de cette étrangeté : «L’enfant que nous aurions refuserait de sortir de ton ventre et attendrait l’âge de la retraite pour nous intenter un procès pour maltraitance». Plus que la connaissance d’un personnage, c’est tout d’abord l’étonnement, le doute ou la curiosité qui saisissent le lecteur. On pense à des tableaux tourmentés décrits par un narrateur lui-même tourmenté.

Sébastien Brebel ne fait pas de psychologie, il ne cherche pas à expliquer ni à retranscrire le réel, il cherche plutôt à transmettre des impressions ou des émotions, à narrer des dérives, à créer des affects à partir des femmes dépeintes : il s’agit de faire ressentir plutôt que de présenter une personnalité cohérente. Il part d’une image ou d’une phrase pour déployer, par exemple, l’errance (dans la nouvelle intitulée «Retard»), la déchéance (dans «Métamorphose»), la dépression (dans «Antonia»), la solitude (dans «La Baie vitrée» et «La quarantaine») mais tout cela reste assez vague. L’ensemble est souvent sombre, dur, et l’on pense parfois à l’univers de Régis Jauffret.

«La Baie vitrée», ce pourrait être aussi le nom d’un dispositif narratif pour appréhender les différentes femmes par le narrateur souvent personnage. A travers les thèmes, les narrations d’états d’âme, d’actions, d’envies ratées ou de possibilités esquissés de toutes ces femmes, l’écriture toute singulière, très visuelle, nous suggère un narrateur particulier, comme s’il se tenait devant la baie vitrée derrière laquelle se trouvent les femmes dont il parle. Le narrateur, ou plutôt sa conscience, est donc désigné en creux grâce à l’écriture : avec les ruptures narratives qui font penser à Edouard Levé, avec les accumulations, les allusions, les variations de motifs et les délires («Elle se taillerait des chemises de nuit échancrées dans la toile de son parachute et lui confectionnerait des djellabas qui lui donneraient la distinction d’un prince arabe»), il semble toujours étranger, toujours loin de ces femmes pourtant proches de lui.

La Baie vitrée, ce serait une surface littéraire qui sépare le narrateur des femmes observées mais qui lui (et nous) permet aussi de voir sa propre image en surimpression.


Xavier Briend
( Mis en ligne le 25/09/2013 )
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