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Les désillusions d’optique
Gilbert Sorrentino   Aberration de lumière
Actes Sud - Lettres anglo-américaines 2013 /  22.80 € - 149.34 ffr. / 320 pages
ISBN : 978-2-330-01407-0
FORMAT : 11,5 cm × 21,6 cm

Bernard Hoepffner (Traducteur)
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«Cet été-là, en 1939, dans la pension du New Jersey où ils passent leurs vacances, quatre personnages qui tentent d'échapper à un quotidien difficile font l'expérience de l'incomplétude où risquent de naufrager leurs destins respectifs. Billy Recco, dix ans, est passionnément en quête d'un père cependant que sa mère, Marie (née McGrath), jolie trentenaire fraîchement divorcée, souffre de l'existence étouffante à laquelle elle se sent condamnée entre son fils et son père. L'ombre de John McGrath, veuf austère et aigri, maladivement inquiet de l'instabilité de sa fille, ne cesse en effet de peser de tout son poids sur les moindres agissements de Marie, d'autant que celle-ci semble vouloir enfin succomber aux avances d'un jeune homme aussi décomplexé que peu recommandable, Tom Thebus».

C’est ainsi que la quatrième de couverture résume l’intrigue d’Aberration de lumière, huitième livre traduit en français de Gibert Sorrentino, mort en 2006. Pourtant, là ne réside pas l’intérêt du roman, pas uniquement du moins. Il réside dans sa composition en quatre parties (Billy, Marie, Tom, John) et, surtout, dans les modes d’écriture adoptés (récit, lettre, etc.) qui permettent de montrer les différents points de vue, ainsi que les espoirs ou les ressentiments de chacun des quatre principaux protagonistes, en les confrontant.

Chaque partie contient, à chaque fois, un premier récit étonnant, une lettre, un dialogue, une séquence de questions et réponses (qui rappelle celle du chapitre XVII, «Ithaque», d’Ulysse de Joyce), des récits oralisés à la première personne ou, plus classiques, à la troisième personne. Gibert Sorrentino nous invite ainsi à mieux sonder la conscience de chacun, à mettre en évidence des parallèles et des oppositions, des désirs contradictoires. Par exemple, dans le dialogue ente Marie et Tom, dans la troisième partie, si le père de Marie, John, c’est-à-dire Poppa, n’apprécie guère Tom, c’est, selon elle, parce qu’«il est tout chamboulé à cause de la mort de Momma il y a à peine six mois». Or, dans la quatrième partie, selon John cette fois, Tom est un «Roméo qui courait après tous les jupons qui regardaient vers lui, il n’avait jamais apprécié son allure et cela dès le premier jour quand il l’avait vu dévaler les marches de la véranda habillé tout en blanc comme un trou de balle de tapette avec une pipe coincé entre les lèvres comme une publicité». Tandis que pour Billy, le fils de Marie, il écrit à son père, dans la première partie, que Tom lui «a fabriqué un lance-pierre et il nous emmène aussi nous baigner et il est très drôle et il raconte plein de blagues. Et il se conduit plus comme un père que tu ne le fais jamais».

Qui croire ? Qui a raison ? Personne ou plutôt chacun à sa façon, chacun avec sa façon de voir l’autre et d’interpréter son comportement selon ses propres attentes ou rancœurs. C’est donc d’incompréhension, d’incommunicabilité ou, pour reprendre le terme utilisé en quatrième de couverture, d’«incomplétude» qu’il s’agit – incomplétude qu’on retrouve, par exemple, dans le dialogue décalé entre Marie et Tom, chaque propos de l’un ne correspondant pas à celui de l’autre ou encore celui, très mécanique, fait d’expressions figées entre Marie et son ancien mari Tony, augurant ainsi l’échec à venir…

Heureusement, le comique est là, comme dans la lettre écrite par Billy à son père mais également dans la séquence de questions et de réponses qui lui sont consacrées («Qu’éprouva-t-il quand sa grand-mère mourut ? Il eut peur qu’elle ne soit pas vraiment morte à cause de son aspect au funérarium») ou encore dans les notes de bas de pages qui commentent ironiquement le dialogue entre Marie et Helga Schmidt, vague prétendante de John, le père de Marie.

Les quatre parties du roman sont donc autant de points de vue différents sur les différents personnages, sur leurs relations et leurs envies. Elles font penser aux quatre narrateurs différents du Bruit et la fureur de Faulkner mais, en s’augmentant de modes d’écriture différents qui affinent ces points de vue, elles penchent davantage du côté d’Ulysse de Joyce. Elles indiquent l’aberration des points de vue de chacun sur la lumière (métaphore de l’amour, de la clairvoyance ? C’est selon). Comme l’indique l’exergue, même si «la véritable trajectoire de la lumière […] suit une ligne droite», «du fait de la vélocité de l’observateur […], la lumière semble suivre une trajectoire qui forme un angle avec la véritable direction de l’étoile».


Xavier Briend
( Mis en ligne le 10/11/2013 )
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