| Matthew Quick Saisis ta chance, Bartholomew Neil Préludes 2015 / 14,60 € - 95.63 ffr. / 379 pages ISBN : 978-2-253-19103-2 FORMAT : 13,0 cm × 20,0 cm
Pascal Loubet (Traducteur) Imprimer
Le Livre de Poche lance une collection semi grand format, soignée, avec des titres inédits (français ou étrangers) à faire découvrir au public français : ''Préludes''. En fin douvrage, des suggestions de lecture dans le catalogue du Livre de Poche, en lien avec le récit, lidée étant également de concurrencer les librairies en ligne. Parmi les premiers titres : Saisis ta chance, Bartholomew Neil de Matthew Quick, auteur américain peu connu en France, dont le roman adapté au cinéma sous le titre Happiness Therapy a reçu huit Oscars.
Saisis ta chance, Bartholomew Neil sinscrit dans une longue lignée dhumour américain, déjanté, avec un héros absurde, à linnocence à la fois réelle et provocatrice. On pense souvent en le lisant à La Conjuration des Imbéciles, et cest à cet univers des «imbéciles heureux» qu'appartient le narrateur, Bartholomew Neil. Le récit est la longue correspondance que Bartholomew échange avec avec Richard Gere.
Le héros, 38 ans, a toujours vécu avec sa mère qui vient de mourir dun cancer au cerveau. Un père absent, parti un jour, sans donner signe de vie, assassiné par le Ku Klux Klan en raison de son catholicisme, lui a expliqué sa mère. Dans leur vie à deux, pour se protéger, la mère lui a toujours appris à «faire semblant» et il continue
Faire-semblant que les choses vont bien, profiter des joies minuscules, se savoir «différent» et laccepter
Batholomew, dans sa survie solitaire, est assisté de personnages dont il est le seul à ne pas percevoir létrangeté : le père McNamee, ami de toujours de sa mère, défroqué de fraiche date, bipolaire, qui sinstalle chez lui, Wendy la psychologue chargée de le suivre, qui va en faire autant, la douce Filleliothécaire tout aussi inadaptée que lui à la société
Pourquoi Richard Gere ? Parce quil était le héros de sa mère, dont la vidéo de chevet était Pretty woman, et que son attachement au Dalaï-Lama convenait à sa volonté de voir le monde sous langle du bonheur et de la paix : ««Je veux plus, je veux vivre un conte de fées», a dit Maman tout comme le disait Julia Roberts dans le film. «Je veux que tu vives un conte de fées, Bartholomew. Si je nai pas pu le vivre, je veux que toi, tu le vives. Alors continue de croire aux contes de fées, daccord ?»».
Et Bartholomew suit ce conseil avisé (?)... Du vivant de sa mère, lun et lautre entraient dans un jeu de rôle dans lequel Bartholomew était Richard Gere ; désormais lacteur devient son confident, dans une correspondance dont on ignore si elle est envoyée, journal intime dun «débile» aux yeux des autres, qui apparaît au lecteur sous son véritable jour : observateur à la fois lucide et naïf de situations dont il sarrange. Peu à peu, après un voyage initiatique et délirant, Bartholomew trouve sa vérité et sa voie
Un roman drôle et optimiste.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 04/02/2015 ) Imprimer | | |