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Humour juif
Gary Shteyngart   Mémoires d’un bon à rien
L'Olivier 2015 /  23,50 € - 153.93 ffr. / 397 pages
ISBN : 978-2-8236-0497-9
FORMAT : 14,5 cm × 22,0 cm

Stéphane Roques (Traducteur)
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Gary fut d’abord Igor, juif-russe ou russe-juif, né en 1972, asthmatique, enfant unique d’un couple dont une partie de la famille vit en Amérique. Dès l’enfance, il se réfugie dans l’écriture et ne cessera pas, même et surtout lorsque l’Amérique l’accueillera, lui et une partie des siens.

Ce livre raconte sa vie, son statut de pauvre en URSS, son statut d’immigré aux USA, son combat pour mettre de l’ordre dans ses idées familiales, politiques, mondiales, personnelles et religieuses. C’est une vie peu ordinaire qu’il décrit, entre des parents à la limite du divorce, un père violent, un passé familial lourd, des héritages culturels déchirants : un livre dramatique aurait pu s’imposer. Mais l’auteur fait preuve d’un sens de la moquerie extraordinaire, d’une introspection hors du commun, l’ensemble enrobé d’une grande tendresse pour les gens qu’il a côtoyés.

Et cela donne des mémoires drôles, décalés, finement observés, jamais pleurnichards. De ses déboires amoureux aux querelles de ses parents, en passant par la découverte de l’école hébraïque, il analyse sa propre balourdise avec distance, les erreurs des autres et les siennes avec grandeur, tout en ne perdant pas de vue l’objectif final : amuser et réfléchir en même temps. Et non seulement on s’amuse, mais on s’instruit sur cette Russie disparue, ses coutumes, le poids de sa société ; on s’instruit aussi sur cet Eldorado que représentaient les USA, sur ce statut délicat d’immigré, ne serait-ce que par l’apprentissage d’une langue vraiment étrangère.

Gary Shteyngart nous offre 400 pages de ce qu’il est convenu d’appeler l’humour juif, «l’humour étant le dernier refuge du Juif assiégé, surtout quand il échoue parmi les siens», une leçon d'auto-dérision, et beaucoup de plaisir à la lecture de ces mémoires pas ordinaires.


Dany Venayre
( Mis en ligne le 15/04/2015 )
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